Poétique des marges ou le métier de vivre.
Jane Evelyn Atwood conjugue par une esthétique sidérante une image du réel qui pourrait sembler onirique. De fait la vision est souvent crue un rien impitoyable même si le corps semble dans tous ses états. L’artiste garde présent la volonté de défendre les travailleuses de la nuit et des rues chaudes. Elle montre sous les feintes d’exhibition une humanité profonde.
L’érotisme est toujours plus complexe qu’il n’y paraît. Sous les parures et les effets de dessous-chics se cachent une certaine misère des jours. Elle donne à l’œuvre toute sa force. Montées sur des talons hauts et galbés par des bas les jambes deviennent les « partitions » pas forcément heureuses de celles qui sont plus opératrices qu’impératrices par leur métier (le plus vieux du monde).
Grandes, petites, minces, fortes, jeunes ou âgées les femmes restent le vecteur d’un érotisme source de perplexité. Certes le voyeur peut rester prisonnier des mailles des bas qui habillent les femmes. Mais le jeu du désir est chantourné. Le très peu donne beaucoup et le beaucoup très peu. Le photographe crée un univers de cristal noir. Il sépare du monde le plus intime et rapproche de ce qu’il en est du métier de vivre.