Jean-Luc Parant

Le boule-versant.

Jean-Luc Parant, Éboulement, Musées de Beaux Arts de Chambéry, 7 novembre 2015 – 7 mars 2016.

La poésie plastique de Jean-Luc Parant ne cesse de balancer entre affaissement et remontée, transparence et opacité. Les boules dans leur multiplication et leur évolution permettent d’atteindre la possibilité de pouvoir dire « le nom noir de l’étrange d’une chair exilée » (Alexandre Blok). Les amas deviennent le trop d’avoir jamais été si ce n’est sur les pas du silence dont l’être est habité. Parant sort de la « sculpture mère crevée » (Marcelin Pleynet) pour créer des formes et des espaces qui ne semblaient pas devoir trouver de place dans l’art. Les boules inventent une poésie horizontale. Elles grouillent et se retiennent sur le corps silencieux d’un corps possible mais enseveli. Dans l’évidence se gagnent les ombres et les clartés.

Jean Luc Parant (2)

En la matière opaque tout devient miroir : se soupçonne un centre jamais atteint. La boule tel une orbite ou un crâne (« boule bien ronde » disait Beckett) devient l’image où tout finit, où tout recommence, loin de l’effet décor ou ornemental. Ce n’est plus le corps exposé qui parcourt une incertitude mais des globes oculaires. Preuve qu’il existe de l’intime dans le minéral là où s’immobilise ce que nous n’aurions peut-être pas dû voir. Est-ce une faute de l’avoir vu ? Mais qui sait si nous avons vu ? Toujours est-il que Parant creuse dans le ventre de l’image vers  quelque chose de plus primitif. Ne reste que ce trop plein et ces débaroulements qui boules versent.

Be first to comment

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.