Un pont entre l’orient et l’occident.
Dans un français presque parfait, la chanteuse égypto-anglaise, Natacha Atlas nous a accueilli dans sa loge avant le concert qu’elle a donné dans la grande salle de Bonlieu le 10 novembre. Un très beau concert, au cours duquel elle a égrainé son chapelet de variations vocales, tantôt en anglais, tantôt en arabe, sur la musique envoûtante et grisante du trompettiste franco-libanais Ibrahim Maalouf.
Pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec Ibrahim Maalouf ?
C’était à Istanbul, il y a quatre ans, lors d’un concert de Smadj, un grand joueur de oud. J’avais entendu parler de ce trompettiste de jazz d’origine libanaise, Ibrahim Maalouf. Quand je l’ai écouté, j’ai ressenti des similitudes avec mon travail : cette volonté de faire un pont artistique entre l’occident et l’orient.
On a beaucoup parlé, et on s’est rendu compte que nous avions des tas de choses en commun. Il m’a proposé de produire un album avec la volonté de m’amener vers le jazz. Avant cette rencontre, j’étais restée à la périphérie du jazz… Je flirtais avec cette musique mais je n’osais pas y aller vraiment. C’est grâce à Ibrahim que je me suis lancée. Aussi, c’était très nouveau pour moi de chanter en anglais tout en gardant une ornementation vocale arabe. L’alchimie s’est réalisée et cet album, Myriad road constitue un vrai tournant dans ma carrière. Beaucoup d’artistes font le choix de rester dans une zone de confort, quand on fait de la World music, comme moi et comme Ibrahim, il faut savoir prendre des risques.
Avez-vous un lien particulier avec la France?
Je suis très a l’aise en France et j’aime y faire mon métier car je trouve que les français ont une grande ouverture d’esprit, et notamment en musique. Par exemple, j’ai chanté récemment en live sur France Inter, avec Ibrahim, c’était génial ! Cela n’aurait pas été possible sur une radio nationale anglaise, car je pense que les anglais sont moins habitués à écouter de la World music. Aussi, j’adore le Sud de la France, cela résonne avec mon côté méditerranéen et égyptien. On est allés à Aix-en-Provence pour travailler sur un projet d’opéra avec le chorégraphe Angelin Preljocaj ;l’odeur, la lumière, tout me semblait familier. Je me suis sentie proche de mes origines orientales. Et puis on mange tellement bien ici !
Qu’est ce cela représente pour vous de chanter en arabe ?
J’ai beaucoup chanté des chants sur la musique traditionnelle arabe c’est ma base, mes origines artistiques. Pour des artistes métissés comme moi, ou comme Ibrahim, cela nous semble très important d’exprimer cette mixité dans notre musique, spécialement aujourd’hui car les extrémismes se font hélas plus entendre que les artistes. Nous représentons le dialogue, un pont entre l’orient et l’occident, c’est très important pour moi de faire passer ces messages. Nous vivons dans un monde où nous avons besoin de plus de tolérance, car les relents du fascismes nous guettent.
Image à la Une : Natacha Atlas et Ibrahim Maalouf © Denis Rouvre.