Voyage au dessus de moi-même

Le Spa des Trésoms.

J’ai toujours été à la recherche de ces moments où l’on peut oublier le temps, où l’on peut oublier le monde. Où l’important n’est plus l’esprit, où le corps n’est plus lui-même mais une essence qui s’évapore et flotte dans un espace d’une sérénité telle qu’il ne peut être qu’entier, abandonné à lui-même.

Ce jour-là il fallait choisir entre la terre, l’eau, l’air et la lumière ou le végétal. Instinctivement j’ai choisi le milieu aquatique. Fasciné par l’infini des océans, par la sensation des gouttes qui glissent sur ma peau et par le frisson du sillon qu’elles tracent.

Je suis dans cette cabane de verre ouverte sur le paysage splendide du lac d’Annecy, de ses montagnes et de sa ville. Je descends les escaliers dans les entrailles de ce lieu si particulier qui offre ces moments tant convoités par mon âme. L’apaisement. Enfin. Cela faisait si longtemps.

Je m’allonge sur la table prévue à cet effet. Je ferme les yeux et m’engouffre dans une heure dont mes muscles se souviendront toute leur vie.

C’est à ce moment que tout commence. C’est à ce moment que s’enchevêtre un ballet indéfinissable. Je ne sais plus si elle utilise un outil ou pas pour me masser. Je ne sais plus si le produit est chaud ou froid. Je ne sais plus si le contact se fait sur mes épaules ou sur les cuisses. Je m’abandonne. Oui, le temps s’arrête, oui je suis en apesanteur, je nage avec les dauphins, je vole avec les faucons, je cours avec les cerfs, sur la terre battue, dans les champs fleuris. Je me raconte des histoires. L’imagination se met en branle et serpente à une vitesse incroyable. Je ne sais plus si je dors ou si je suis en parfaite conscience de ce qu’il se passe. Sans doute les deux. Un entre-deux parfait entre l’hyper-conscience de ces mouvements que mon corps accueille avec une sublime harmonie et une vitalité de l’imagination digne de rêves sous l’emprise de la plus pure des substances. L’essence de la vie. Je n’ai jamais ressenti tout ça. La sensation pure. Plus parfaite expression du bien être. J’aime me sentir chez moi ailleurs que dans ma maison. J’aime la confrontation, la contradiction, le métissage, la rencontre. C’est sans doute pour cela que je me sens bien dans cet endroit. Il est rempli d’énergies, de vives histoires apaisantes. Il est décidément le tremplin pour un esprit créatif. Cet endroit est la maison que je veux avoir quand je serai grand. Il est l’endroit où il faut être, où il faut assurément passer un temps de sa vie. Je vous le dévoile parce qu’il est l’antre du raffinement. Non pas le raffinement que l’on peut connaître en courbettes ridiculement distinguées, mais bel et bien le raffinement d’une attention particulière destinée à vous emporter tout entier dans une épopée face à vous-même, ce que vous êtes vraiment et ne soupçonnez peut-être même pas.

© Photographie : Les Tésoms

Antoine Guillot

Auteur / Metteur en scène / Comédien / La Compagnie Caravelle

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