Vernaculaire

Au matin saignent fort les plaintes de mon cœur,
Mépris et oppression s’abattent sur les gens.
Le Latin, vêtu d’or, a mâté la ferveur
De l’humble qui priait, sans savoir ni argent.

Combien, pourtant, voudraient, trouver l’Eau de la vie
Épancher leurs « pourquoi ? », apaiser leurs souffrances ?
Sous les charbons éteints, sentir la braise enfouie,
Rallumer l’incendie sur les cendres brûlantes.

Mais le monde, égaré, se méfie et se terre,
Las de ces vains espoirs et des chèques en bois.
Il a jugé menteur, dans sa sourde colère,
L’idée de Vérité, de morale et de foi.

Au feu la Religion, Au feu l’obéissance !
L’homme a tracé sa route en des sillons amers.
Saura-t-il mieux que Dieu répandre sa lumière ?
Le temps saura juger vertu et arrogance.

Si Dieu me prête vie, je défierai les hommes
Drapés de beaux habits qui ont salis son nom.
Je ferai que ma foi se libère des dogmes,
Plaçant l’Écrit plus haut que toute religion.

Si Dieu me prête vie pour quelques jours encore,
Je lirai sa Parole et suivrait ses conseils.
Je prônerai l’espoir, l’Amour toujours plus fort,
La conscience éduquée sortie de son sommeil.

Si Dieu me prête vie, je dirai l’évangile
En latin, en hébreu, en arabe, en chinois.
J’irai dans les prisons, jusque dans les asiles
Pensant que chaque vie a le droit à la foi.

Si Dieu me prête voix, qu’il la donne à mille âmes
Car je ne vaux ni plus ni moins que tous mes frères.
Ensemble nous prierons, blanc et noir, homme ou femme,
Petits mais si précieux aux yeux de notre Père.

À la mémoire de William Tyndale.

Image à la Une © Laurence Chellali.

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