Cécile Hug

Territoires sensibles.

Plutôt que d’explorer le sexe féminin – comme le fit un Maccheroni par exemple – Cécile Hug, pour le révéler, l’habille, le pare, le peuple d’éléments qui ne sont pas des « caches sexe» mais un moyen d’affirmer les émotions qu’il procure. En un jeu de métaphores, avec douceur, finesse et délicatesse l’artiste crée une série de variations sur la féminité la plus intime. À la contemplation voyeuriste fait place un voyage que l’artiste génère par une cueillette d’éléments : libellule, scarabée, edelweiss, etc… Ils viennent enrichir les dessins et leurs couleurs discrètes. Sans avoir besoin de proposer une « exhibition » explicite l’artiste inscrit une existence libre qui exclut tout fantasme basique. Hybridations et composites végétales et animales deviennent une symbolique en acte d’un triangle inversé qui, n’attend pas la simple présence de la Monnaie du Pape, pour devenir sacré. Le sexe est presque immaculé, toujours impeccable même si dans certains dessins l’artiste suggère envahissement, démangeaison, frottement voire le cycle menstruel. Néanmoins chaque détail porte vers l’harmonie. L’effet de voile crée une « transparence » particulière.

Cécile Hug

Cécile Hug

Ce que l’artiste nomme « l’entre deux » est soumis autant au désir de montrer que de son refus. Au vérisme fade Cécile Hug préfère la métaphore. Et ce non parce qu’elle « cicatrise » (Bernard Noël) mais parce qu’elle fait la nique à la sexualité masculine. En cette dernière tout est ostentatoire. À l’inverse la femme n’a pas besoin de s’« armer » de son sexe pour se sentir exister. Elle renverse ainsi la problématique de l’inégal partage : la niche de Vénus n’implore pas forcément la visite. Pour autant l’artiste n’appelle pas la castration du mâle : elle revendique simplement le droit pour la féminité à exister tel qu’elle est et par elle-même.

Cécile Hug - L'Entrejambe

Cécile Hug – L’Entrejambe

L’œuvre reste donc aussi légère et primesautière que sérieuse et paradoxalement pudique. Le désir n’est plus « attrapé par la queue » comme chez Picasso. Il se décline en touches allusives avec tendresse et un sourire qui mordille. L’ingénuité reprend ici tout son sens : à savoir ce qui relève de la nature première de la femme. L’intime en se montrant-cachant rappelle à l’homme – comme la Madame Edwarda nue de Bataille, mais chez Cécile Hug avec plus d’astuce et de feinte – « Regarde moi car je suis ton dieu ». Manière de donner – entre l’étrange visite d’un scarabée ou la caresse d’une libellule – à l’entrejambe féminin l’entregent qu’il mérite.

De Cécile Hug : « L’entrejambe » & « Amande Douce », Éditions Derrière la Salle de Bains, Rouen.

Photographie à la Une © Cécile Hug.

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