Chair et logos

Fabienne Radi, « Oh là Mon Dieu », collection SushLarry, 92 pages, Éditions art&fiction, Lausanne, 2015.

Fabienne Radi cultive une sémiologie particulière dans ses chroniques  du  Mamco : « Oh là mon Dieu » émane. Parlant parfois d’œuvres qui – pour l’intelligentzia – ne veulent rien dire, ses mots soulèvent des questions qu’on n’imaginait jamais se poser.
Par exemple sur les rapports algébriques entre chair vivante et viande froide. Alors que Jack Lemmon grimace sur le poids des carcasses de bœufs pour l’amour d’une poule (la douce Irma) Rocky fait encaisser à la barbaque froide des coups propre à rendre tendre la dernière des carnes. Ce qui aboutit à l’équation sans aucune inconnue : chair + chaleur =  féminin, viande + froid = masculin.

La Suissesse ne « crashant» jamais ses mots, évite de voir ses idées mordre la poussière. Mêlant dans un même moule plusieurs ingrédients elle renvoie le système des signes de Barthes à une indigence crasse. Certes les penseurs qui ont le goût des trams tant ils pensent dans des rails prendront Fabienne pour une folle. Mais on ne devient jamais fou sans raison : l’auteur met des mots sur les arrières pensées et les silences de ceux qui n’aiment que les œuvres momifié en estimant que – et comme dit l’autre, à savoir Valéry – ce qui est le plus profond dans l’homme est sa peau.

Voire… Chez Fabienne Radi – et même si sa peau n’est pas mal non plus (euphémisme) – la matière grise crée la profondeur et creuse des abîmes dans le prêt à penser. La réflexion de la Genevoise a toujours le dernier mot. Et quand elle en a plus elle l’invente. En derviche tourneuse elle affole les figurants des chaires du logos qui se prenant pour Dieu se gargarisent de « caveaubulaire » en écrivant n’importe quoi.

Be first to comment

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.