Bonlieu Scène nationale Annecy 2017/2018 . 2e partie de saison

PRESCRIPTIONS CULTURELLES

Dans la programmation foisonnante de Bonlieu Scène nationale Annecy, reflet de la richesse des démarches artistiques, laissez-vous surprendre par des spectacles qui vous porteront hors des sentiers battus à partir de janvier 2018.

NaKaMa.

Dans sa première pièce chorégraphique pour quatre danseurs Saief Remmide explore les liens entre les individus et leur socle commun : l’humanité. Les différences reflètent la richesse de l’être humain et permettent tout autant de découvrir l’autre que de construire avec lui. Empreint des cultures algériennes, françaises et japonaises, NaKaMa interroge le vivre ensemble à l’heure où la stigmatisation des communautés, les amalgames, les peurs et les préjugés sont des notions prégnantes qu’il semble urgent de défaire afin de (ré)apprendre à composer et à dialoguer.

Romances inciertos : un autre Orlando.

En collaboration avec Nino Laisné, François Chaignaud propose un époustouflant voyage croisant les cultures et les époques au fil de transformations qui subjuguent par leurs beautés. Romances inciertos : un autre Orlando est un objet scénique où dialoguent danse, musique et chant à travers une succession de tableaux dans lesquels apparaissent un jeune lord anglais et deux figures issues de la tradition espagnole : une Doncella Guerrera et une gitane Tarara. Au gré des métamorphoses, ce spectacle interroge les mutations sociétales auxquelles l’humanité est confrontée.

De la démocratie en Amérique.

Architecte d’une beauté violente, le dramaturge, metteur en scène et plasticien italien crée des images comme autant de formes de langage. En s’inspirant très librement de l’essai d’Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, Romeo Castellucci interroge les fondements de l’émergence du fonctionnement de sociétés avec en fil rouge la question de la langue. De là, glossolalies, incompréhension de mots étrangers, peur de la perte d’identité s’entrechoquent avec la religion comme pour mieux interroger le fait d’apprendre et de construire si nous ne disons pas la même chose.

Tragédie.

Surexposés dans leur nudité, neuf femmes et neuf hommes sont mis en scène dans Tragédie par Olivier Dubois. De retour à leur état d’être humain originel, les corps sont débarrassés de tout ce qui pourrait les troubler sur le plan historique, sociologique ou psychologique. Dans la répétition des rythmes, les interprètes, ayant évacué les questions de genre, évoluent suivant différents motifs avec des mouvements de masse renvoyant à un archaïsme sociétal pris dans une émotion sincère et portés dans l’urgence d’une expérience troublante.

Autobiography.

Wayne McGregor est dans une recherche constante de l’innovation et place l’humain au centre de ses créations. Autobiography, conçu pour dix interprètes, est une pièce intime qui dissèque l’histoire de vie du chorégraphe dans ses souvenirs ou sa génétique. Ces différents composants imaginaires ou réels reflètent la multiplicité des chemins et des choix à faire. La danse se révèle ici comme un processus quasi philosophique pouvant renvoyer au parcours de chacun.

Passion simple.

Ce que peut entendre Émilie Charriot dans le texte d’Annie Ernaux est une passion amoureuse pour un homme qui est mise en parallèle avec une autre passion, celle de l’écriture qui lui permet de revivre les choses et de laisser une trace. Dans Passion simple, la metteure en scène entend sa propre passion au théâtre, elle s’adresse ici et maintenant au public qui devient son partenaire. Émilie Charriot a trouvé dans Annie Ernaux une personne qui écrit comme elle a envie de mettre en scène, dans le souci du détail, en faisant tout avec exigence et simplicité comme pour mieux être accessible par tous. Elle se prend ici comme objet d’étude en allant au bout d’une démarche qui met en exergue le lien bouleversant, extrêmement fort – si tant est que l’on ose se regarder en face –, entre l’artiste et le spectateur où chacun a une part de chemin à faire.

Image à la Une © Bonlieu Scène nationale Annecy.

Kristina D'Agostin

Rédactrice en chef de Carnet d'Art • Journaliste culturelle • Pour m'écrire : contact@carnetdart.com

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