Elles ont bouffé le cœur de Cocker

Elles ont bouffé le cœur de Cocker

Il le disait lui-même, il le criait haut et fort. Et maintenant c’est fait, c’est une réalité ; elles l’ont libéré ce cœur. Désenchainé à l’homme que l’on croyait immortel. Parce que le rock n’est pas encore mort non, quoique plus seul sans lui. Parce le blues lui doit sa lettre de noblesse. Parce que des milliers de gosses aussi ignorants que moi – cette impassible génération – ont été conçus sur le timbre vibrant de sa voix ; cette caverne où dansait le son. Elles ont bouffé le cœur de Cocker. Les métastases. Ou bien était-ce les poumons ? L’importance du territoire conquit, du règne d’oxygène évincé, n’a plus sa place ici. Ces salopes de cellules kamikazes se sont retournées contre lui. Comme ça, sans lui laisser le choix, sans nous demander notre avis. À croire que les mythes se forgent dans la peine, s’élèvent dans la gloire et se maintiennent ainsi dans l’oubli.

Ain’t gonna cry again… Pourquoi cet air continu de tourner dans ma tête ? Peut-être à cause de cet album que j’écoute en écrivant ces lignes (un simple clic, vous connaissez la paresse et le besoin de se tenir informé, ou concerné). C’est plus facile comme ça, ça donne un sens aux larmes qui ne coulent pas. Alors quoi ? Le regretter ? Le chérir et dire que l’on adorait sa musique ? Conneries. Sa musique était déjà là. Elle berçait le rêve endormi, secouait d’autres larves que moi. L’hommage ? Quel hommage ? Ce n’est pas une courbette, il n’en aurait de toute façon rien à foutre. Ce n’est qu’un moment perdu de ma vie que j’utilise pour parler d’un homme – une vie elle définitivement perdue – mais qui a accompli beaucoup de chose, des choses plus grandes que moi. Meilleures ? Sans aucun doute. Mais la question n’est pas là. La raison ou la logique sont les grandes absentes de cette équation. Poussière qui redeviendra poussière c’est de cela qu’il s’agit ? Alors avant de bouffer les pissenlits à la cuillère, je vous le demande, je vous le prescrit. Je vous l’ordonne peu importe la manière, peu importe la condition : vous devez au moins une fois jouir, lécher ou baiser sur ce son.

Killian Salomon

Rédacteur / Auteur

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