Par Mathieu Pasero.
La silhouette longiligne, dégingandée, attend le chaland à la porte de la caravane. Croisez le regard malicieux de ce sublime crooner-looser et embarquez pour 17 minutes de poésie magique et vagabonde !
Des années qu’il sillonne les routes avec ce micro-numéro de mentalisme et de magie. Des années qu’il enchante la petite dizaine de spectateurs privilégiés dans l’intimité de sa caravane – cocon ouaté fermé à double d’un tour de clé qui disparaît.
Il jongle avec les sons et joue avec les mots, devine les pensées des spectateurs éberlués, fait danser dans les airs une carte bancaire. Le personnage fantasque de Raoul Lambert, chanteur cocasse en peine d’inspiration, n’est qu’un prétexte à la poésie et à la manipulation consentie. Le divin Mathieu Pasero réussit en moins d’une demi-heure ce tour de force de nous enchanter, de nous berner avec joie tout en disant quelque chose d’éminemment grinçant, réel et politique : le truchement est partout, constant, omniprésent. Et la petite caravane emplie d’illusions se mue finalement en échappatoire jubilatoire, onirique et rassérénant. Chapeau l’artiste !
Image à la Une © DR.