Metteur en scène depuis plusieurs décennies, il consacre maintenant sa vie au festival de théâtre de Hauteville et à la peinture.
Comment pouvons-nous présenter le festival de théâtre de Hauteville ?
C’est au cœur des montagnes vertes du Bas-Jura, en Bugey, dans la station climatique d’Hauteville-Lompnès, que l’amour du théâtre, la passion et la pugnacité ont donné naissance à la première édition du festival de théâtre en 1997. Dès lors, les organisateurs, forts de leurs expériences des évènements tels que les festivals d’Avignon, de Carpentras, de Sarlat ou de Saint-André, ont su, grâce à l’aide des collectivités, de la population et du public, produire, organiser et maintenir coûte que coûte l’une des plus grandes manifestations théâtrales professionnelles de la région Rhône-Alpine. Les spectateurs, de plus en plus nombreux en Bugey, ont admiré des troupes remarquables, découvert des perles rares, rencontré François Perrot, Jean-Pierre Darras, Victor Haïm, Jean-Paul Farré, Louis-Alexandre Fabre, Jean Piat, Môrice Benin, Claude Aufaure, Jean-Claude Dreyfus, Vénus Khouri-Ghata, Michèle Simmonet, Jean-Paul Tribout, Georges Chelon, et bien d’autres encore…
Cette année, Michel Galabru, Francis Perrin, Vincent Roca, Marianne Sergent, Pierre Hossein et beaucoup d’autres artistes viendront illuminer les scènes du plateau d’Hauteville. Certaines compagnies sont devenues des incontournables du mois d’août, comme Kronope, Rêves de Théâtre ou Le Théâtre de la Presqu’Île. Elles traversent la France pour nous éblouir. Le cru 2015 permettra de nouvelles rencontres…
Quel est l’objectif de ce festival ?
Pour cette édition, la toute nouvelle association Âme de théâtre en Bugey et ses professionnels ont misé sur la contemporanéité des textes, l’actualité des sujets, l’audace des formes, la qualité et la modernité artistique… L’éclectisme accessible à un large public, du théâtre quoi !
Est-ce une forme de résistance de travailler à mener à bien un événement comme celui-ci?
Face aux problèmes économiques auxquels sont confrontés les festivals, c’est grâce à la volonté politique des élus et des partenaires artisans, commerçants et associatifs, à l’appui de la population et aussi toujours à cette bonne dose d’énergie et de pugnacité que nous aurons cette année un festival brillant. Le public pourra aussi rencontrer des savoyards avec un spectacle théâtral et musical Oskar et Viktor, ainsi que Matt B lors d’une soirée dédiée à la peinture contemporaine.
Il s’agit bien d’une contribution citoyenne au développement culturel d’un territoire. Ne « désannoblissons » pas ce mot résistance, il faut être héroïque pour cela et si les gens qui comme moi, ont la passion de leur art sont des résistants, par quel nom doit-on appeler ceux qui font un travail ingrat dans le seul but de nourrir leur famille ? C’est uniquement devant l’adversité qu’on reconnait les résistants. Essayer d’être le plus authentique possible nous suffira et surtout, ne pas faire de théâtre hors scène, ce serait vraiment détestable. La résistance, nous en aurons peut-être besoin plus tard, pour l’heure il s’agit de mener une entreprise artistique, un travail novateur et respectueux envers les spectateurs et les artistes. Ce sont eux qui sont les constructeurs de Théâtre !
Comment un programmateur trouve-t-il un bon équilibre entre exigence artistique et attente du public ?
Entre divertissement médiatique, animation et culture ou pureté de l’art, le programmateur tente un numéro d’équilibriste. Toutefois, le choix des spectacles se fait sur le contenu des textes et sur la qualité professionnelle et technique des équipes artistiques, et bien entendu par rapport à l’originalité et à la créativité. Une alchimie délicate où le coup de cœur a sa place. Certes, il y a aussi quelques autres perles rares que le festival aurait pu accueillir mais les contraintes ont parfois gain de cause, hélas ! C’est encore une fois le respect envers le public et les artistes qui doit gagner.
Vous étiez metteur en scène et êtes maintenant peintre, quel est le lien ?
La toile et la scène sont assez proches dans la recherche de l’équilibre, des lumières, des volumes ou des agencements dans espace. Il y a une technique, une histoire à inventer, à raconter, quelque chose à dire et à partager. Il me semble que je peignais autant en étant metteur en scène que lorsque je suis maintenant devant ma toile, d’ailleurs on dit que je peins l’eau et la lumière mais je sais bien que c’est du théâtre.