Playlist du mois de décembre 2014.
Des plaines de pluies, de la brume et de l’ennui. Lorsque nos yeux émergent du crépuscule pour figurer le vide, nous pensons à nos après-midis d’été, à nos éclats de rire, à ta bouche qui se serre contre la mienne, à ta peau qui frémit.
Des souvenirs, des remords englués dans une toile d’oubli, oui, la beauté pour ne pas mourir, pour ne pas y penser… Mais à quoi bon résister ? Renier la pente obscure vers laquelle nous sommes tous engagés ? Les larmes sont le fluide fertile où poussent les idées, jamais trop sombres, jamais trop tristes, juste de la buée sur laquelle nos âmes sont condensées. Du revers de la manche nous pouvons bien sûr tout balayer, et ce geste quotidien, répété en palimpseste, singe le mouvement amnésique du monde.
Sourire et pleurer, en ces termes la mémoire peut être résumé. Alors oui, les poètes sont des lâches, les écrivains maudits nous emmerdent, ils chialent à en assécher leurs organes, plaignent l’absurdité de l’univers ; la mélancolie sans horizon de leur paupières. Je veux me réfugier dans l’ombre de leurs pensées, fuir bientôt le soleil quand ses rayons viennent me cramer.
Parce que la nuit excitent les fous, parce que l’abîme reste la faille éternelle, celle où l’on peut se perde en étreintes solitaires. Parce que parfois c’est bon de pleurer, tourner le dos aux sourires factices, au bonheur imposé.
Je veux écouter les maudits, voir leurs gueules ravagées, ceux qui savaient encore se camer, s’écrire, se briser dans la lumière des projecteurs, et rendre ainsi leur dernier hommage à l’obscurité.