« Chants magiques », Galerie Abrupt, Grenoble du 1er au 30 octobre 2015.
Patricia Pinzuti-Gintz garde de son métier de styliste l’amour des « patrons » et de la légèreté des matières. Au moment où l’art digital impose son « abstraction » la créatrice fait retour vers un des arts les plus manuels qui soient. Elle déchire, rapièce en écho à ce que Bernard Noël écrivait : « c’est en brodant qu’on fait ». Le textile devient matériau et concept par sutures, accrocs plus que jointures. La mélancolie prend une douceur prégnante et insidieuse. Ce qui semble de l’ordre ineffable garde néanmoins une incarnation. De telles « loques » interloquent en luttant contre la ressemblance à « façon » (pour parler couture).
Mariette fidèle à ce qui tient du monstre (sans que l’artiste le sache) entraîne elle aussi non sans nostalgie vers d’extraordinaires voyages entre le dehors et le dedans. Ses têtes sont des graines qui germent à l’intérieur de celle de l’artiste. En groupes ou solitaires elles sont mi femme, mi homme, mi lune, mi soleil. Le jour s’y colore de rouille et la nuit de lichen. Issues des profondeurs elles déniaisent le passé et mettre de l’indécision dans l’avenir. Il y a la dureté et tendresse mais surtout le frisson. Dans les deux œuvres et leurs chants il s’agit d’élargir le sens de ce que l’on trouve dans le monde comme dans le cœur des femmes. Mais des hommes tout autant.
Image à la Une © Patricia Pinzuti-Gintz