Paul Cabaud

Amoureux d’ici.

EXPOSITION « Paul Cabaud, amoureux d’ici » jusqu’au 05 mars 2018 au Musée Château d’Annecy.

Paul Cabaud est un peintre, dessinateur lithographe et photographe qui a fait toute sa carrière à Annecy et qui a toute sa vie représenté des paysages du territoire. Avec plus de 150 œuvres, c’est la première rétrospective aussi complète qui est proposée.

Le parcours de l’exposition se décompose en quatre grands chapitres : « Paul Cabaud, un artiste annécien », « Amoureux d’ici », « Vivre de sa peinture », « Les belvédères ». En commençant par une rencontre avec le personnage, la manière dont il travaillait, dont il abordait le paysage, le spectateur s’immerge progressivement dans l’univers et les paysages de Cabaud.

Paul Cabaud, un amoureux d’Annecy.

Annecy, les bords du Thiou – Collection Musées d’Annecy © Denis Vidalie.

Paul Cabaud est né en 1817 ; ses parents tiennent une forge sur les bords du Thiou à Cran. Prosper Dunant est le premier maitre de Cabaud auprès duquel il va apprendre les rudiments de son art et la gravure. Au XIXe siècle, Annecy est une petite ville où il n’y a pas de musée ni d’ouverture culturelle, Cabaud part alors faire sa formation à Paris puis à Genève où il s’initie au portrait dans l’atelier du peintre Joseph Hornung. En 1844, Paul Cabaud s’installe à Annecy et connait des débuts difficiles. Il obtient un poste de professeur de dessin ce qui va l’aider à subvenir à ses besoins. Pour essayer de trouver une clientèle Cabaud va rentrer dans toutes les sociétés savantes qui naissent à partir du rattachement de la Savoie à la France en 1860 ; il devient notamment franc-maçon et est membre du Club Alpin Français.

Les commissaires d’exposition Sophie Marin (Responsable des collections Beaux-Arts des Musées d’Annecy et Michèle Martin (Responsable de la photothèque des Musées d’Annecy) ont mené un minutieux travail d’étude avec les Archives départementales de la Haute-Savoie (avec Julien Coppier, Responsable des archives anciennes et de la valorisation), ce qui leur a permis de mettre au grand jour quelques rares et précieux documents. Ils ont par exemple retrouvé de la correspondance familiale montrant la manière dont la famille Cabaud s’est construite et l’attachement qu’ils avaient les uns pour les autres.

Paul Cabaud et la photographie.

Marguerite Cabaud, portrait de studio – Collection Musées d’Annecy, dépôt du diocèse d’Annecy, communauté locale Saint-Étienne du Pont-Neuf © Musées d’Annecy.

Cabaud est un des premiers photographes à ouvrir un studio à Annecy. Il se consacre à la photographie de paysage qui va avoir un grand lien avec la nature. Il se sert de la photographie pour nourrir sa peinture, et inversement. Il recompose par exemple un tableau avec des éléments qu’il trouve dans la photographie. L’exposition est jalonnée de quelques « totems » réalisés à partir de plaques de verre (les photographies sur plaques de verre sont des images négatives ou positives qui ont comme support le verre ; support utilisé en photographie dès 1850). Ces plaques de verre ne mesurent qu’une dizaine de centimètres de côté et on ne peut que rester admiratif devant les agrandissements de plus de deux mètres qui sont présentés car ils sont remarquables de précision. Un des portraits de Marguerite¸ une des filles de Cabaud, est tout d’abord très minutieux dans la composition mais on arrive aussi à déceler ça et là quelques éléments de détails qui laissent penser à de fines retouches qui n’ont rien à envier aux techniques numériques modernes.

Paul Cabaud, un artiste aux talents multiples.

Panorama du Semnoz (détail) – Collection Musées d’Annecy © Denis Vidalie.

Aussi discret qu’attachant mais avant tout travailleur, Cabaud multiplie les techniques. Dans ses carnets, il représente ses premières idées avec des fragments de paysage, des études de rochers, d’arbres, de personnages, etc. Il peut également représenter une composition entière d’un paysage, rapidement brossée à partir de laquelle il travaille des pochades (de petites études à l’huile sur toile rapidement punaisée sur un châssis et qui ne sont pas destinées à la vente). Dans l’exposition est présenté un aspect peut-être moins connu de son travail : le fusain, une technique qu’il apprécie particulièrement. Cabaud est un peintre qui demeura assez classique même si son évolution dans la représentation des paysages dont il maitrise parfaitement la composition est significative. Ses débuts sont assez sages avec l’utilisation de couleurs assez acides et une précision dans les détails mais il va progressivement réchauffer sa palette au fil de sa carrière et laisser libre-court à quelques touches abstraites.

En plongeant le spectateur dans l’œuvre de l’artiste, l’exposition invite au voyage. Un voyage qui donne envie de prolonger l’expérience en se rendant dans certains lieux vus au fil du parcours, ne serait-ce que pour admirer « en vrai » la beauté des panoramas monumentaux peints par Cabaud depuis le Parmelan et bien d’autres encore…

Image à la Une © Paul Cabaud, Les lavandières, Musées d’Annecy © Denis Vidalie • Conception graphique affiche : Matters I The Cloud Collective.

Kristina D'Agostin

Rédactrice en chef de Carnet d'Art • Journaliste culturelle • Pour m'écrire : contact@carnetdart.com

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