Playlist #07.
J’espère que tu ressens ça, l’ivresse des sommets. Les pieds plantés sur le sol, le regard torve, tu t’élèves bien au-dessus du monde, tu le dépasses.
Ces basses sourdes qui font vibrer ta viande, tes mains qui tremblent, qui deviennent moites. Elles suintent la merde, celle que tu inhales, prises, avales et qui se diffuse comme une boue noire dans tes veines. Et puis, ta mâchoire commence à se crisper, tes dents grincent, tes nerfs crépitent. Ton visage entier se durcit pour ne devenir qu’une grimace d’extase et de violence… La fièvre chaude t’inonde… Ton corps t’échappe peu à peu, ou bien est-ce toi qui t’évade ? Toi qui refuse, qui compose avec le chaos, oubliant pour un temps l’immondice à laquelle est vouée ta carcasse. Millimètres par millimètres, molécules après molécules, ta chimie se recompose, tes éléments traversent le périodique et l’absurde. C’est bon n’est-ce pas, le lâcher prise ? Tu t’écoules tout entier dans un tourbillon de lumière, fusionnant avec le rythme, abandonnant ta chair. L’apocalypse ne t’a jamais paru si délicieuse. Ce goût de rouille et de sang que tu sens dans ta bouche. Tu crois atteindre l’éternel et ce sont pourtant tes gencives qui saignent.
Mélomane, mégalomane, confusion d’une paranoïa ordinaire. Tu mélanges l’abstrait et le réel, les formes et les couleurs, tes lèvres et la sueur de l’autre. Tu embrasses l’inconnu, une ombre aussi défoncée que toi. Tu ne la reverras jamais et cela n’a aucune foutue importance. Tu danses. Tu danses. Tu es l’éclipse des sens, l’épileptique qui croit conquérir le monde, qui se came dans la nuit la plus sombre, qui allume des lumières d’extase dans le tréfonds de ses entrailles. Reprends un rail, lèche le bonbon rose, croque le Crystal. Oui, oui, tu vas jouir comme un animal, comme une bête que l’on bat, qui aime ça. Tu te jettes dans la gueule de l’abyme, tu es un feu sombre, sans étincelles, sans possibilités, sans issues. Un battement de cœur, une pulsation te sépare de la vérité, de l’absolu. Tu le sais, tu le sens. Un dernier regard sur ces visages qui t’entourent, sur ces silhouettes qui s’évanouissent l’une après l’autre, te laissant seul avec ta conscience désagrégée, avec ton cerveau liquéfié. Laisse-toi partir, il est temps maintenant. Abandonne toute réalité, laisse-toi envahir par le rêve et tu connaîtras l’être parfait, celui qui te regarde sans amour dans le reflet.