Vis ma vie de ménestrel

Entre dans ma vie de comédien_Intermittent

Il était une fois des sympathiques ménestrels qui s’acharnaient à (sur)vivre dans le milieu des arts et du spectacle. On entend quelques fois, aussi rares soient-elles, parler de ce milieu à grands coups de renfort médiatique, surtout quand les ménestrels protestent contre les réformes, aussi aberrantes soient-elles, du régime d’intermittents du spectacle. Mais ne nous écartons pas de l’histoire, les réformes passent et les ménestrels trépassent, laissons-faire, ne disons rien, c’est normal de faire des réformes après tout…

Des fois, il arrive que les ménestrels sortent de leur monde merveilleux fait de création et de réflexion, de scène et de technique, d’amour du métier, pour se confronter à la vraie vie. Il faut bien vivre car ce monde là ne paie pas le loyer, ni les factures et ne rempli pas le frigo.

Alors les ménestrels prospectent et sont même très heureux lorsque l’on propose d’organiser un stage, qui plus est pour un groupe particulier qui s’inscrirait dans une de leur démarche de création.
Puisqu’il faut bien en arriver là, à un moment, un accord financier est négocié et approuvé. 200€ nets pour 2h de stage, c’est bien ne trouvez-vous pas ? Les ménestrels, enfin au moins l’un d’entre eux va pouvoir se faire un cachet car oui, on cachetonne dans le milieu des arts et du spectacle… Lorsque l’on veut être en règle, on va déclarer son cachet au Guso ou à d’autres organismes au fonctionnement tout aussi obscur. Sur ces 200€, 45% vont partir en charges et autres cotisations – les ménestrels étant solidaires entre eux, bien sûr. Il nous reste donc 110€, c’est encore pas mal me direz-vous.
Cela vous surprendra peut-être mais les ménestrels ne possèdent pas de théâtre à eux, ni de salle de répétition et encore moins de lieu répondant aux normes en vigueur pour accueillir du public et pour dispenser un stage. Une solution est donc trouvée et il leur est proposé de louer une salle pour la modique somme de 140€. Les chiffres commencent dès lors à vaciller.

Le ménestrel devrait préparer son cours, se déplacer, donner son cours, faire sa déclaration, faire sa comptabilité et afin de pouvoir travailler, de faire ce qu’il a à faire, ce qu’il a besoin de faire, dans la vraie vie, il n’aurait d’autres choix que de payer de sa poche.
Ce n’est là qu’une petite histoire, avec quelques chiffres qui peuvent parler à tout le monde mais qui est le bien triste reflet d’une histoire désespérément vraie.

Continuez à faire ce que vous faites, continuez à vous battre, continuez, continuez, continuez, qu’ils disent…
À mon tour, comprenez que des fois, il y en a ras-le-bol d’être considérés comme de sympathiques ménestrels…

Kristina D'Agostin

Rédactrice en chef de Carnet d'Art • Journaliste culturelle • Pour m'écrire : contact@carnetdart.com

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