Jasmin Joseph, le conte du Hibou

Les contes du chamane chrétien.

EXPOSITION « Jasmin Joseph, le conte du Hibou » jusqu’au 05 janvier 2020 au Musée Faure, Aix-les-Bains & LIVRE « Le conte du Hibou, par Jasmin Joseph » édité par la Fondation Facim.

Jasmin Joseph est né en 1924 à Grande Rivière du Nord en Haïti. Orphelin à 6 ans, il vit auprès de sa tante à Port-au-Prince puis avec une femme qui le protège jusqu’à ses 19 ans. À partir de 1942, il travaille dans une briquerie et commence à créer de petites figurines en argile.

En 1948, sa rencontre avec le sculpteur américain Jason Seley, professeur au Centre d’art est décisive. Seley (qui sculpte lui-même des pièces en argile qu’il dépose régulièrement à l’usine où le jeune homme travaille) repère les petites figurines de Jasmin Joseph. Dewitt Peters – directeur du Centre d’Art – l’invite alors à rejoindre le groupe d’artistes qui y travaillent. Jasmin Joseph accepte et sculpte l’argile avant de réaliser sa première peinture, « Loa Vert », inspirée par la culture vaudou.

Converti au protestantisme, il s’intéresse aux thématiques chrétiennes et traite dans ses sculptures de sujets bibliques. Il crée pour la Cathédrale Sainte-Trinité de Port-au-Prince un Chœur d’anges servant de paravent à l’orgue et Douze apôtres formant la balustrade de la galerie du chœur. Il travaille aussi sur des sujets quotidiens et son œuvre commence à être connue non seulement dans son pays mais à l’étranger.

Jasmin Joseph © Centre d’Art – Haïti.

Il délaisse peu à peu la céramique pour la seule peinture. Il développe des bestiaires et des fables. Parmi les peintures les plus notables de l’artiste notons « Agnus Dei » (1960) où un agneau crucifié tel le Christ sur un mont Golgotha parsemé de lapins blancs ; « L’Arbre de vie » (1969) où un Christ se fond entre les branches d’un arbre gigantesque et d’autres peintures dont l’Apocalypse latent est atténué par la vision animalière.

Jasmin Joseph a commencé en 1986 une série donnant une interprétation du conte du Hibou. Il scénarise cette fable bien moins naïve qu’il n’y paraît afin d’illustrer les thèmes de l’amour, de la confiance en soi, de la différence physique et sociale. L’artiste part avec en tête des visions animalières qui ne servent pas seulement à illustrer le conte mais offrent une concordance poétique : si bien que l’ensemble texte/image se saisit pas osmose.

Cette œuvre est celle d’un moraliste habitée qui refuse toute violence : « Ma peinture tend à sermonner les hommes, à les moraliser. J’aimerais un monde plus uni, plus harmonieux » écrit-il dans un texte des Archives du Centre d’art auquel il resta fidèle. Face aux yeux somnolents de certains animaux (colibris, mouettes Bonaparte, cardinales à poitrine rosée ou grenouilles des mares et bien sûr le hibou) il crée un pont suspendu entre le jour et la nuit. Face aux contradictions des dualités, l’artiste cherche à surmonter les conditions premières des êtres : tout est fait dans son œuvre pour la réduire.

Image à la Une © Musée Faure d’Aix-les-Bains.

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