Annabel Sougné

La vénéneuse.

Annabel Sougné et Florence Marchal, « Rosé », Éditions Espaces Regards, 2016.

Annabel Sougné nous avait habitués à son regard poudré sur un monde qu’on pouvait envisager en flottaison, en fuite et tout en élévation. Ici le regard est posé, centré, sur l’objet, elle lui fait face et il n’y a pas moyen d’y échapper. Dans cette série de portraits très intimes, on croise des sexes fleuris et romantiques, fertiles ou vénéneux, des fruits gourmands et juteux, des feuilles grimpantes et envahissantes.

© Annabel Sougné.

© Annabel Sougné.

En ce début de siècle où l’on se penche sur la question du genre, on ne peut qu’observer que chez les modèles qui ont participé au projet d’Annabel Sougné, elle n’est pas tranchée. À tel point que parfois on doit y regarder à deux fois pour identifier la nature du corps du modèle. Les propositions féminines sont rarement phalliques et celle des deux hommes qui ont accepté de creuser sous l’écorce sont plus qu’étonnantes.

La « nature » de l’artiste (femme photographe) en est-elle responsable ? L’autre organe est-il si difficile à cueillir et creuser le sujet une tâche si ardue qu’on préfère ne pas s’y engager ? Le spectre du genre serait-il davantage exploité par les femmes qui viennent plus facilement se poser d’un bout à l’autre de ses possibilités et les hommes auraient-ils plus de difficulté à y trouver leur place ? En menant à bien ce projet, Annabel Sougné a mis en évidence des problématiques contemporaines en plein chantier et elle ne compte pas s’arrêter à cette récolte.

Photographie à la Une © Annabel Sougné et Florence Marchal.

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