L’Éloge de l’heure, Mudac, Lausanne, du 27 mai au 27 septembre 2015.
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L’Heure qu’il est, CACY, Yverdon-les-Bains, du 29 août au 1er novembre 2015.
L’art non seulement peut mais se doit à l’heure et au temps. Deux expositions suisses (haut lieu de l’horlogerie) le sort de sa coquille. Pour cette extraction refusant tout repli elles en font un personnage scénarisé et mis en forme selon l’imaginaire des maîtres horlogers et des artistes qui le « raccordent » aux images et techniques du moment. Le monstre temporel qui nous mange ne cesse depuis 1555 d’être « redessiné » par l’art qui différencie le travail du deuil et de la mélancolie comme (parfois) celui du comique et de la drôlerie. Il rappelle que le temps est pour l’être plus qu’un repère temporel : il devient la cause de sa destinée et son filage. Le dessiner revient à inscrire les segmentations autant abstraites et concrètes qui nous font. Cela sert aussi à tatouer ce que nous prenons pour notre soupente ou notre garde-manger mais qui n’est qu’une coquille vide.
Le temps et ses monstrations demeurent donc fidèles à la condition humaine. L’homme en effet comme l’escargot ne cesse d’emporter sur son dos sa maison temporel lorsqu’il feint de se déplacer et se contente de ramper en bavant et tempêtant face à ce qui le dépasse. Dessiner les heures revient donc à décrypter notre infirmité. Il suffit que l’artiste – et l’exposition le prouve – soit lucide et qu’il ose les métamorphoses propres à illustrer ce qui nous affecte et nous grignote.