Livre « Bruire » par Daniel Blanchard, dessins de Farhad Ostovani aux Éditions L’Atelier Contemporain, 72 pages, 15€.
En lisant Blanchard on se dit qu’il faut bien que le plaisir soit encore là pour qu’un poète, en touchant au crépuscule, possède un regard si proche de ce qui se défait. Le livre le concentre dans ses haïkus là où l’univers en disparition s’approche. Mais la forme du genre forain le métamorphose en le retraversant au nom de l’amour (partagé).
Comme le vent qui couche avec l’espace afin de le rendre visible et apaisé, le poème devient un murmure sentimental (en rien affecté) au sein des plis imposés du haïku. Par lui les émotions touchent autrement les sens et l’esprit. Il fait éclater l’abstraction des mots et la rythmique des vers occidentaux. Ce bruire est subtil. Il approche de la cendre à travers un regard aussi veuf que neuf. Et Blanchard apprend à énumérer sur ses doigts quelque chose qui ne peut pas compter sinon dans le parfait d’un passé antérieur.
Néanmoins la sécrétion d’images n’est pas là non pour retenir la vie mais pour y avancer. Chaque image transforme le passé à l’aune d’un présent qui s’enrhume. Paradoxalement la présence qui habite l’être n’est plus celle de la douleur nostalgique mais d’une forme de jouissance : elle permet de recommencer le jour.
Image à la Une © Éditions L’Atelier Contemporain.