au-delà des apparence.
Pour ouvrir ce Carnet des galeries, nous avons rencontré Christian Guex de la galerie Au-delà des Apparences à Annecy.
Travail acharné d’un passionné.
En quoi votre métier mérite-t-il encore d’exister ?
Un des artistes de la galerie, Jean- Pierre Ruel, un des grands peintres de sa génération, avec qui nous conversions sur l’état actuel de la peinture, me disait « Tu sais, Christian, nous sommes les gardiens du temple… ».
Êtes-vous un marchand comme un autre qui vend simplement un produit particulier, ou êtes-vous le passeur d’une âme, d’un discours ou d’une hyper-sensibilité ?
Non seulement notre métier de galeriste mérite d’exister mais il doit continuer de combattre l’ignorance et les idées reçues et surtout tenter de redonner du sens à l’objet de création. Il faut que le sensible, et les émotions qu’il contient, reprenne la main sur le concept. Pour le galeriste et collectionneur passionné que je suis, j’ose dire qu’une peinture ou une sculpture est un don de soi. Dans sa création, l’artiste est proche de l’offrande. Nous existons pour la rendre visible et la transmettre. Nous sommes donc très loin d’un produit strictement marchand, sauf, bien sûr, du côté de la démarche spéculative qui n’est pas le positionnement de ma galerie.
Exercer le métier de galeriste est un acte engagé que je revendique à travers les artistes que je choisis de défendre. Nous sommes des passeurs mais, pour ce qui me concerne, surtout pas d’un discours.
Ce fameux discours, qui voudrait nous rassurer, ne peut pas précéder l’œuvre. L’Histoire passe son temps à réécrire les intentions. Laissons chacun d’entre nous, face à l’œuvre, en pleine liberté de ressentir.
Dans ce cas, comment trouvez-vous l’équilibre qui paraît si fragile entre votre métier de marchand et votre rôle phare de prisme entre les artistes et la société ?
Je vends un moment d’émotion durable. Quand je sélectionne une œuvre dans les ateliers, je recherche toujours sa potentialité pérenne, sa capacité à nous restituer toujours ce qu’elle me procure dans l’instant. C’est cette alchimie là que je vends.
tenter de redonner du sens
Mais elle est d’une infinie fragilité face à une société très anxiogène qui a plutôt tendance à refouler nos émotions. S’émouvoir jusqu’à acheter l’objet qui nous touche, est un acte qui perd aujourd’hui de sa spontanéité. A nous de réparer le lien blessé et de continuer à le tisser.
Florence Dussuyer | Carnet d'Art
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