Quand le serpent se mord la queue.
Clare Strand, « Girl Plays with Snake ».
Mack éditeur, Londres, 124 pages, 2016, 35€.
Clare Strand photographie en noir et blanc. Elle justifie ce choix en toute modestie : « il me semble que cela contribue à simplifier le monde visuel ». De fait cet usage permet de créer un jeu entre l’absurde et l’évidence. La bichromie en ses degrés crée une réalité alternative. Elle devient la tentative de répondre à tout ce qui dans le monde manque de logique. Armée de sa collection d’images, catalogues, albums, textes littéraires, l’artiste ne cesse de retenir ce qui répond plus à une fonctionnalité qu’à une esthétique même si le seconde demeure centrale dans son travail.
L’œuvre prend une valeur de transgression et d’errance. De magnifiques et mystérieuses errances là où le Serpent devient l’objet de jeu et de caresse. Il oblige à accepter la perte de repères afin de regarder du côté de l’autre ou en dedans. Du côté d’une nuit intérieure aussi. Mais pas forcément celle de « la nuit sexuelle » dont a parlé Quignard en dépit de la valeur symbolique du serpent. L’artiste creuse aussi nos illusions, passe du coq à l’âme, fait danser du bout des doigts l’impalpable.
Photographie à la Une © Clare Strand.