Espace Malraux 2018-2019 • 2e partie de saison


Les spectacles proposés durant la deuxième partie de saison de la Scène nationale de Chambéry et de la Savoie (re)mettent la pensée en mouvement.


Où je suis étranger les 17 & 18 janvier 2019, MJC Le Totem.

S’inspirant des poèmes de Louis Aragon, J’arrive où je suis étranger, et de Jacques Prévert, Étranges étrangers, Joseph Aka articule une pièce pluridisciplinaire mêlant danse, musique et vidéo. Dans nos sociétés où les liens entre individus demeurent fragiles, Où je suis étranger questionne les notions d’appartenance et d’identité comme pour dire que la connaissance et l’acceptation de l’autre dans ses différences sont nécessaires pour, simplement, exister.


La Mélancolie des dragons les 05 & 06 février 2019, Théâtre Charles Dullin.

Dix ans après sa création, La Mélancolie des dragons demeure une des pièces majeures de Philippe Quesne. En partant du point de vue de ceux qui osent encore rêver dans le milieu des arts, le metteur en scène déploie un univers où se côtoient la poésie et l’imaginaire. Il est question d’inventivité, de bienveillance au sein d’une communauté, d’une recherche du merveilleux dans tout ce qu’il a de plus fragile et d’éphémère. La Mélancolie des dragons pose non seulement des questions justes mais aussi des réflexions qui font hautement sens dans une époque où les pensées méritent d’être éveillées à nouveau.


La Scortecata du 05 au 07 mars 2019, Théâtre Charles Dullin.

La Scortecata est une pièce nourrie de la culture populaire italienne rappelant l’esprit de la commedia dell’arte. Fable ou conte revisité, Emma Dante met en jeu deux acteurs, Salvatore D’Onofrio et Carmine Maringola, dans un dépouillement scénique presque total. Tout repose sur ce duo masculin interprétant brillamment des rôles féminins comme dans la tradition du théâtre du XVIIIe siècle. Si l’histoire et les situations racontées peuvent paraitre ubuesques, elles ne sont que prétexte à interroger l’existence et le vécu de vies qui sont sur le point de prendre fin.


Désordre du discours du 12 au 14 mars 2019, différents sites de l’Université Savoie Mont Blanc.

Dans sa nouvelle création, Fanny de Chaillé a choisi de faire prendre corps à L’ordre du discours, titre choisi par Michel Foucault pour sa leçon inaugurale donnée au Collège de France. Ajoutant des écrits de Beckett, Artaud ou encore Wolfson, ce Désordre du discours propose de repenser la langue en se confrontant à celle-ci comme pour remettre la pensée en mouvement.


C’est la vie les 02 & 03 avril 2019, Espace Colombe, Bassens.

Le travail de Mohamed El Khatib relève de la fiction documentaire. Ses créations ont un point commun : la rencontre humaine, qu’elle soit avec une femme de ménage, un marin ou encore des supporters de football. C’est la vie retrace le propre vécu de Daniel Kenigsberg et Fanny Catel, deux parents orphelins. Aucun mot n’existant dans la langue française pour désigner la perte d’un enfant, ce sujet délicat est abordé ici de manière sensible, avec une juste distanciation qui permet de prendre le recul nécessaire vis-à-vis des émotions que seraient celles de la douleur et de la compassion.


Five Easy Pieces les 08 & 09 avril 2019, Espace Jean Blanc, La Ravoire.

Plus qu’un théâtre dit documentaire, Milo Rau explore ce qu’est le geste théâtral comme geste rituel. Dans Five Easy Pieces, il arrive à apporter une réflexion de fond sur la pédophilie sans même citer à proprement parler le mot. Il interroge ce qu’il y a d’universel dans un tel sujet comme les sentiments d’un parent qui comprend que son fils est un monstre, la peur, l’incompréhension et le désespoir d’un enfant retenu captif, ou encore la douleur de parents perdant un enfant. Cette pièce est maitrisée de bout en bout avec une extrême finesse et on ne peut qu’être admiratif du travail réalisé avec des enfants, en collaboration avec le Centre d’art gantois CAMPO.


La dernière saison – Cirque Plume du 26 mai au 18 juin 2019, Chapiteau dans le Parc de Buisson Rond

Il est un temps où l’on doit se dire au revoir, un au revoir qui arrive pour le Cirque Plume après plus de trente ans de rencontres avec les publics à travers le monde. Guidé par la nature, le vivant, le sauvage, l’ultime spectacle de cette troupe, qui est un véritable marqueur pour l’art circassien, interroge sur le devenir de notre planète en danger. La dernière saison se nourrit de la fragilité des arbres, de l’éclat de la neige, de la puissance du vent pour créer un temps qui est comme un poème à partager, une invitation à rêver et à s’émerveiller.

Image à la Une © Espace Malraux.

Kristina D'Agostin

Rédactrice en chef de Carnet d'Art • Journaliste culturelle • Pour m'écrire : contact@carnetdart.com

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