L’âme trouble des destins.
EXPOSITION « Françoise Joudrier et Rose-Marie Crespin, travaux récents » du 21 septembre au 06 octobre 2019 à l’Espace Martiningo, Chambéry.
Les œuvres de Françoise Joudrier donnent au portrait et sous divers registres une présence étrange. Refusant le pittoresque ou l’anecdote l’artiste raconte des histoires. On ne peut pas pour autant dire qu’elles soient narratives. Car sa peinture refuse de singer le réel : elle le suggère sans forcément dire ce qui s’y passe sinon par quelques indices ça et là et comme le réel ne serait pas forcément le « bon ». Françoise Joudrier le creuse, en chercheuse de sources inattendues là où tout devient propos d’harmonies et de couleurs. Preuve que le mot même de peinture, l’artiste peut s’en passer mais à sa seule condition : elle sait s’en servir. Et ce dans un exercice d’intensité et de grâce là où tout apparient à l’éphémère mais en échappe.
Avec Rose-Marie Crespin la production des images répond à une autre visée. À partir de son vécu l’artiste crée des dessins colorés qui ratissent les souvenirs pour n’en retenir que des morceaux recomposées en « formes familières » par le biais de dessins au stylo à bille ou par la création de formes en céramiques. Jaillit « tout ce qui reste » (Beckett) mais selon une vision très particulière et littéraire (il y à la parfois du Cervantès et parfois du Flaubert, du Rosa Luxembourg). Avec des pièces à petites dimensions le collage ouvre à une chambre mentale où l’imaginaire monte des scènes physiques de couleurs douces là où tout tient d’un équilibre magique et surréaliste. Pour autant l’artiste ne copie rien, ni personne.
Dans les deux cas la force poétique est constante. Cherchant plus l’essence que l’outrance, les créatrices concentrent l’espace et le temps chacune à leur façon. Et les deux ensembles entre « en réponse » dans une proximité du lointain chez Rose-Marie Crespin et un éloignement du proche chez Françoise Joudrier.
Image à la Une © Françoise Joudrier, peinture.