Jacqueline Devreux

L’image qui revient.

Galerie Rauchfeld, Paris 6ème & Galerie Pierre Hallet, Bruxelles.

Jacqueline Devreux poursuit une œuvre photographique et picturale majeure. Même vus de dos ses modèles sont offerts dans une frontalité pertinente. Sous le « plat » horizon de chaque photo surgissent à la fois du néant, de l’amour, du non dicible. L’artiste belge y recherches les « modestes » vérités que le réel ne retient pas. Elle traque « ce qui manque à l’image et au portrait – à savoir son image absente (impossible ?) – à travers la multiplicité de ses modèles et leur prise. Elle resserre « de » l’existence sans chercher à « intellectualiser » et c’est là l’essentiel. Car l’artiste sait que tout reste à monter, à découvrir.

Jacqueline Devreux (2)

Certes jaillissent la femme et ses collines, l’amour, ce qu’on nommait « le péché », l’identité de peau (à savoir ce que l’être a de plus profond), la perfection parfois presque androgyne et des errances. Dans ces prises Jacqueline Devreux ne retient que ce qui gonfle son émotion, remue votre souffle et pousse à reprendre sa traque. D’où cet élan qui fait de l’artiste une des aveugles de Breughel. Comme eux il ose le risque dans l’espoir d’une image simple, grelottante, muette et qui parle sourdine.

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D’images en images même si rien n’en éclate comme elle le voudrait l’artiste conserve sa constance de labeur, ses mythologies, ses énigmes. Chaque fois un brassage se produit au dedans ou aux abords d’un abandon du modèle et d’elle-même. L’artiste entre dans les ténèbres et la lumière, se confronter aux puissances de l’autre qui soudain pour un temps fait partie d’elle-même.

Jacqueline Devreux (4)

Il existe la recherche du désir insatiable des origines. Là où le corps sourd à nouveau de la nuit par la lumière. D’où ces image d’un vertige parfois érotique au cœur du vivant dans un face à face chaque fois recommencé afin de poursuivre avec ingénuité et haute technicité le moyen de chercher l’image muette, sourde qui n’ajoute rien mais de retranche pas plus à la féminité inaltérable.

Jacqueline Devreux (3)

Et lorsque Jacqueline arrivera à la fin de ce travail je ne crois pas me tromper en disant que la dernière image sera identique à celle du commencement. Mais non comme si rien n’avait bougé. La vie aura passé, l’image « complétée » demeurera en partie vide mais une certaine vacance sera brisée même s’il y aura toujours dans l’image quelque chose qui fait défaut. Ce défaut en fera le prix.

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