Je vous hais

« Je vous le dis : il faut encore porter en soi un chaos, pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante » – Friedrich Nietzsche

Certains ont pu écrire que vous n’aurez pas leur haine mais vous avez la mienne.
Oui, je vous hais.
Je vous hais vous et votre intolérance.

Je vous hais vous et votre méconnaissance.
Je vous hais vous et vos préjugés.
Je vous hais vous et vos raccourcis.
Je vous hais vous et vos amalgames.
Je vous hais vous et votre inculture.
Je vous hais vous et votre indifférence.
Je vous hais vous qui semblez avoir baissé les bras.
Je vous hais vous qui regardez de loin sans rien dire.
Oui, je vous hais.
Je vous hais car vous n’êtes en rien le reflet de nos sociétés contemporaines.
Je vous hais car vous nous conduisez à des guerres multiples et sans aucun sens.

La notion de guerre est peut-être aussi vieille que celle de l’Homme mais elle n’est pas l’expression véritable de l’humanité.
Dans toutes ces atrocités, même lorsque l’on peine à comprendre comment un être peut être amené à traiter un autre être comme tel, je veux croire en les notions d’espérance, de dialogue et de transmission.

L’espérance est l’arme ultime, elle nous fait construire un monde meilleur ; un monde que nous serions fiers de laisser à nos enfants.
Le dialogue est celui que l’on se construit d’abord avec nous-mêmes, s’il nous arrive d’être en conflit intérieur, nous pouvons être en accord avec l’autre.
Cet autre avec lequel la transmission est vitale permet une construction, un échange, dans une réciprocité essentielle et nécessaire.
Il nous faut prendre les armes, ici et maintenant.
Les armes ne sont pas celles qui font couler le sang.
Les armes que nous devons déployer sont celles qui passent par l’éducation, la conscience et les arts.
Ces armes sont à la portée de toutes et tous.
Ces armes sont un juste engagement qui relève d’abord de celui qui est personnel, que chacun peut mettre en œuvre à son échelle, qui passe par de petits riens mais qui font un tout.
Ces armes sont l’endroit de la révolte, de la quête de l’égalité, des combats dont nous devons absolument nous emparer.

Il en est assez de dire sans faire.
Il ne s’agit pas de faire une grande révolution mais de s’engager, de se battre, de dire les choses avec lesquelles nous ne pouvons être en accord.
Regarder de loin relève de la facilité.

Voir une structure culturelle bombardée injustement doit plus que nous émouvoir.
Voir un corps mort flotter au milieu des eaux ne peut pas nous laisser indifférents.

Entendre qu’une personne est battue à mort sous prétexte qu’il ou elle est « différent » ne peut être passé sous silence.
Entendre que la tragédie climatique est déjà advenue doit nous faire prendre conscience que l’urgence d’agir date d’hier.

Notre réponse peut être simple : dire, dire, encore et encore pour que tous ces faits puissent circuler, qu’ils puissent constituer un objet dont chacune et chacun puisse s’emparer.
Il en est assez de nous rabâcher des évènements du passé. Des soulèvements, des changements ont existé et ont été opérés mais il est urgent de savoir dans quel monde nous voulons vivre et de choisir quelle trace de notre passage nous voulons laisser.

Il m’est impossible de croire que l’intolérance et l’indifférence sont des valeurs prégnantes dans nos vies quotidiennes.
Il m’est possible de croire que j’ai le désir que nous puissions être ensemble pour embrasser tout cela, toi à mes côtés.

Engageons-nous.
Agissons.
Hier il sera trop tard pour se demander qu’est-ce que j’ai fait demain ?

Image à la Une© Myself.

Kristina D'Agostin

Rédactrice en chef de Carnet d'Art • Journaliste culturelle • Pour m'écrire : contact@carnetdart.com

Be first to comment

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.