Crachoir de vérité.
Ici, pour une fois, le texte n’est qu’un prétexte et devient catharsis d’une caste qui en prend pour son grade. Je ne savais pas que Marco layera me connaissait si bien. Ou qu’il connaissant si bien Hervé Pons des Inrocks. Oui on a clairement l’impression de se voir dans certaines soirées branchées que nous sommes obligés de fréquenter parce qu’elles sont soi-disant « The Place To Be ». Oui le regard sur ce cercle social élitiste est cruellement vrai. Même si les personnages de La Dictadura sont clairement des caricatures d’eux mêmes, il y a de quoi rire jaune et s’inquiéter d’un espoir vain d’une révolution qui n’arrivera pas par ceux qui la prône.
Ça fait du bien d’être plongé dans le théâtre (presque) total d’Amérique du Sud. Ce sont une énergie et une théâtralité clairement différentes de celles que l’on connait en Europe et il y a de quoi être déstabilisé et retenir notre attention.
On assiste à un carnaval, une soirée débridée comme on peut les connaître, y compris au festival d’Avignon lui-même, et de cette soirée en ressort un effet miroir (comme quoi la diversité culturelle et sociale du public de la salle n’est pas si évidente que ca). De cette soirée en ressort également des moments chocs, un viol, une tentative de suicide…, et une fin coup de théâtre qui ne peut que tristement et violemment résonner avec les événements de ces derniers jours à Nice ou en Allemagne.
Marco Layera et la compagnie La Re-sentida nous offre cette année encore un beau moment de théâtre, explosif et rempli de provocations, dérisions et autodérisions. L’artiste à l’esthétique foisonnante nous emporte dans un rythme effréné et nous fait glisser, non sans humour, jusqu’à la fin, fatale effondrement de la société.
En prise directe avec les sociétés occidentales ou occidentalisées, ce regard juste est vrai, envoyé comme un coup de poing en pleine gueule, ne nous offre pas vraiment d’échappatoire mais dépeint une réalité dans laquelle nous nous embourbons et ça fait toujours du bien de prendre un peu de recul.
La Dictadura de lo Cool, par Marco Layera. Gymnase du Lycée Aubanel, jusqu’au 24 juillet à 18h30. Durée : 1h25.
Photographie à la Une © Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon.