Lee Nutter

Eprises de vue, prises par la vue.

« Censorship », 2015.

Le photographe australien Lee Nutter bat toujours la crème fraîche à la fourchette afin que la nudité paresseuse devienne cabriole, en chair et en osmose avec la diaphanéité de l’air. Qu’importe la nature du lieu : plage, morne plaine, fourbe tourbe, vaste appartement. Les molles fondrières du corps se veulent des absolus. La photographie devient  en avance sur le cinéma et la peinture puisqu’elle efface le mouvement. La mariée nue n’a plus à descendre un escalier comme chez Duchamp ou dans le néo-réalisme italien. L’horizon est le ciel du lit ou celui d’une grève : un beau bigorneau y fait le gros dos.

Lee Nutter (3)

Le pas de deux de la chorégraphie plastique n’impose en rien la dualité. C’est ainsi que le clair-obscur se tisse et parfois est déchiré. La nuit qui suit le jour ne s’en veut pas que le souvenir. L’amande sèche s’est peut-être faite humide pour une truite de mer mais nul ne peut le dire. Une fois la robe sur le parquet ou sur le sable, place aux Marlène Dietrich d’un nouvel expressionnisme. Le jeu exclut la triche. Le public n’a pas à saluer car les égéries ne grimpent pas aux rideaux. Le tout comme si la tendresse de l’homme avait éteint le volcan. Si bien qu’à la fin de la fête, la sidérurgie et la cigarette sont des cousines germaines.

Lee Nutter (2)

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