Célestins, Théâtre de Lyon 2016/2017

Pour la saison 2016/2017, les Célestins Théâtre de Lyon proposent quelques grands noms, et reprogramment deux spectacles déjà passés la saison dernière, dont l’incroyable Acceso qu’il ne faut vraiment pas rater — on ne le répétera jamais assez. Petit regard hypothétique sur les temps forts de la saison à venir.

La Grenouille avait raison de James Thierrée.

Si le spectacle est loin d’être complet, on saluera tout de même la performance physique et onirique de James Thierrée et de la Compagnie du Hanneton, qui vous fait vivre un infra-monde doux et terrible, magique. Et comme ce spectacle a déjà tourné aux Célestins, faites-vous un avis plus profond en lisant notre critique.
Ce spectacle, en co-production avec les Célestins, se jouera du 11 au 23 octobre.

Acceso de Pablo Larraín et Roberto Farías.

Probablement la plus belle pièce de l’année dernière, c’est une plongée mystico-vertigineuse dans ce que l’Amérique latine a de violent et de beau. Va-et-vient merveilleux entre l’identité et la dissolution de celle-ci, sous le sublime de ce que serait un Antonin Artaud du vingt-et-unième siècle, ce spectacle propose de redécouvrir votre humanité avec plus de lucidité. Et si vous n’êtes pas encore convaincu, lisez notre critique sur ce spectacle.
Ce spectacle, déconseillé aux moins de seize ans et en espagnol sur-titré, se jouera du 8 au 19 novembre. Programmé dans le cadre du festival Sens Interdits, c’est vraiment la pièce à voir — si vous ne deviez en voir qu’une.

Circus Incognitus de Jamie Adkins.

Parce que le nouveau cirque offre un accès stupéfiant sur les tréfonds de l’âme humaine et de sa sociabilité, le « one–man–circus » que propose l’américain Jamie Adkins a beaucoup à nous apprendre, de manière douce, sensible et muette. Parce qu’il est un théâtre sans parole, et qu’il en est probablement un des plus beaux représentants, il ne faudrait pas le manquer !
Ce spectacle se jouera du 17 au 31 décembre.

Und de Howard Barker, par Jacques Vincey.

Dans l’attente amoureuse ou auto-destructrice, une femme se perd. Cette femme, c’est la soprano Nathalie Dessay, qui s’aventure enfin sur le plateau théâtral, dans la voix imparfaite, qui se trouble et qui souffre. Guidée par Jacques Vincey et ses atmosphères toujours incroyablement soignées, elle ère du désir à la colère, révélant l’essence de l’attirance pour l’autre — et la puissance des mots.
Ce spectacle se jouera du 8 au 15 mars.

Karamazov par Jean Bellorini et d’après Fiodor Dostoïevski.

Jean Bellorini propose de plonger dans l’essence des tensions de l’homme : le relationnel, la famille, le fanatisme après la mort de Dieu. Mais entre ce qu’il propose et ce qu’il fait, il y a un seuil : sa pièce, en demi-teinte, propose un très beau rendu pour une lecture minimale du texte : c’est beau, précis, très bien joué, mais un peu vide. Pour aller plus loin, on se reportera à la critique passionnée d’Antoine Guillot.
La poésie pop-rock de ses Paroles Gelées (d’après le quart livre de Rabelais, jouées il y a quelques années à la Croix Rousse) laisse ici place à une littérarité parfois fine, parfois pesante, et déséquilibrée : le dernier quart de la pièce donne nettement l’impression d’avoir été bâclé dans l’impréparation d’Avignon, ce qui contraste avec le sentiment d’achèvement formel du début de la pièce. En somme, le sentiment que Bellorini s’écrase face à Dostoïevski nous laisse un peu sur notre faim — pas parce que c’est une humilité, mais parce que ça ne peut pas fonctionner ainsi. Il aurait peut-être mieux valu assumer la myriade de micro-choix qui président à toute lecture et en faire des macro-choix, au lieu de cultiver un déni pseudo-respectueux.
Ce spectacle d’environ 5h se jouera aux Célestins du 30 mars au 7 avril.

Vu du pont, d’Arthur Miller par Ivo van Hove.

Comme dans une tragédie antique, Ivo van Hove propose de prendre l’histoire particulière de ces migrants et de leurs difficultés comme un récit touchant et transcendant. On découvrira, avec eux, les difficultés de la vie de Dockers des années cinquante, les difficultés de la famille, de l’amour et de l’économie. Une fresque sensible sur le non-dit de la douleur immigrée, à l’heure où l’on voudrait l’ignorer.
Ce spectacle est en partenariat avec le Radiant Bellevue de Caluire et Cuire, où il se jouera du 11 au 15 avril. Attention, les tarifs sont exorbitants…

L’ensemble de la programmation est disponible sur le site des Célestins, Théâtre de Lyon.

Image à la Une © François Roca / Théâtre Les Célestins.

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