Tout le monde danse

PRESCRIPTION CULTURELLE « Tout le monde danse » du 03 au 05 mai 2018 à Bonlieu Scène nationale Annecy.

Durant trois jours tout le monde va danser. Bonlieu Scène nationale Annecy et le Centre chorégraphique national de Grenoble (CCN2) s’associent pour proposer un temps fort au public. L’idée est de créer son propre parcours et de multiplier les découvertes au fil des différentes propositions. Pour cela, un pass, pour tout voir durant les trois jours, est proposé à 20€ en plein tarif et à 15€ en tarif réduit. Aucune réservation à faire, une liberté totale, de quoi se laisser entrainer dans la riche programmation où l’on retrouve Phia Ménard, Théo Mercier, François Chaignaud, Cecilia Bengolea, Rachid Ouramdane ou encore Yoann Bourgeois, des artistes majeurs de la scène contemporaine.

L’inclassable Phia Ménard présente Maison mère, le premier volet d’un triptyque qu’elle engage d’ici à l’horizon 2019. Le titre provisoire du projet global est Les Contes immoraux mais il n’est jamais question de morale dans les spectacles de l’artiste. Dans Maison mère, Phia Ménard se fait le bâtisseur d’un village qu’elle nomme « Marshall ». Sur le plateau, elle construit une immense maison en carton qui peut tout aussi bien être la métaphore d’un abri utilisé par des réfugiés que celle d’un temple grec. Dans la continuité de son exploration de la matière et des éléments, la performeuse fait de son acte scénique un geste politique qui soulève des questions d’identité ou de rapport au corps.

Maison mère mis en scène par Phia Ménard.

La nouvelle création de Cecilia Bengolea, Insect train, s’engage quant à elle sur des interrogations liées à l’équilibre de l’écosystème, à la domination de l’homme sur la nature, sur les insectes qui ont dû développer des défenses incroyables pour survivre. Peut alors facilement se projeter un parallèle avec un dominant et un dominé ou quand une « civilisation » veut imposer ses idées sociétales à une autre.

Un des autres incontournables de Tout le monde danse est Théo Mercier qui présente lui aussi une création : Affordable Solution for Better Living. Là, Théo Mercier soulève des questions à la fois liées au corps et à sa standardisation mais aussi sur l’illusion d’une liberté de choix quand les grandes enseignes commercialisent tout un tas d’objets « indispensables ». Pour cela, il se joue des modes d’emploi d’Ikea en les prenant comme supports chorégraphiques tout en faisant du corps des interprètes des corps en kit qui muent comme s’ils suivaient un protocole de montage ou de démontage.

Théo Mercier a également un autre spectacle, Radio Vinci Park, qu’il propose avec François Chaignaud. Radio Vinci Park plonge les spectateurs dans un objet rare qui voit un duel entre l’homme et la machine dans un lieu de tous les fantasmes aussi bien liés aux angoisses urbaines qu’à la séduction et à ses rituels. Cette danse entre la peur et la mort, entre l’étrange et le beau, happe les sens dans une expérience totale qui pousse dans des zones d’inconfort insoupçonnées.

Radio Vinci Park mis en scène par Théo Mercier © Erwan Fichou.

Si Radio Vinci Park met en jeu un motard casqué, Skull*cult en fait presque de même avec un homme lui aussi casqué et cagoulé. Skull*cult avait été programmée en 2002 lors du Festival d’Avignon dans le cadre des Sujets à Vif (Vif du sujet à l’époque). Cette performance de Rachid Ouramdane et Christian Rizzo présente un homme botté, ganté, encapuchonné, presque désincarné qui évolue dans un espace vide de manière lente et dans un fragile équilibre comme une invitation à la contemplation.

Rachid Ouramdane livre également au public une étape de travail La Nuit, en prémices à sa prochaine création pour la saison 2018/2019, Franchir la nuit qui interroge les mouvements de population, leurs causes et leurs conséquences. La Nuit se concentre sur un des axes de réflexion du spectacle, à savoir la situation particulière d’enfants migrants. Les plus jeunes, les mineurs isolés, sont confrontés à des situations dont on peine à trouver les mots pour les décrire. Rachid Ouramdane interroge ici les impacts que l’exil a sur des enfants en pleine construction de leur identité.

La Nuit mis en scène par Rachid Ouramdane.

Codirecteur du CCN2 aux côtés de Rachid Ouramdane, Yoann Bourgeois propose quant à lui deux formes courtes : Dialogue & Isu No Ue. Avec l’impact que l’un peut avoir sur l’autre comme lien commun, la première performance met en jeu l’équilibre précaire entre deux personnes tandis que la seconde s’articule autour de la construction/déconstruction d’une relation amoureuse.

Tout le monde danse est donc un grand rassemblement aux multiples rendez-vous car d’autres invités comme Chloé Moglia (artiste associée au CCN2), Syhem Belkhodja, Seifeddine Nanai sont à découvrir ainsi que des installations interactives conçues par l’École des Gobelins et qui elles prendront place dans les halls du théâtre.

Image à la Une © Bonlieu Scène nationale Annecy.

Kristina D'Agostin

Rédactrice en chef de Carnet d'Art • Journaliste culturelle • Pour m'écrire : contact@carnetdart.com

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