Radio Vinci Park

Entrez dans l’arène d’une poésie féroce.

Avec Radio Vinci Park, Théo Mercier et François Chaignaud plongent les spectateurs dans un objet rare, lieu de tous les fantasmes liés aux angoisses urbaines comme à la séduction et ses rituels.

Les notes de clavecin de Marie-Pierre Brébant résonnent, accompagnant les spectateurs dans l’antichambre de l’arène où va prendre place un sublime duel entre un homme-machine et une executive woman. Au centre d’un cercle fermé par des barrières métalliques, un motard attend, immobile dans le silence qui est rompu par le bruit des talons d’une prêtresse baroque qui se dirige tout droit vers la confrontation. L’atmosphère est singulière, non pas rassurante mais presque angoissante comme ce que l’on pourrait ressentir dans ces parkings clos, « métaphores de l’enfer contemporain » comme le souligne Théo Mercier.

François Chaignaud use de tous les envoûtements qu’il sait mettre en place, au travers de sa voix unique, ensorcelante, et d’une danse physique poussée dans les extrêmes de la performance millimétrée. Dans cette parade amoureuse quasi rituelle, il passe de la femme éplorée, laissée dans l’indifférence à la lionne combative qui part à l’assaut de sa proie. Cette animalité, ce rapport de force dans un lieu clos, dépouillé, font écho à Dumy Moyi que l’on avait pu découvrir en 2013. Les vrombissements du moteur retentissent, les vapeurs d’essence envahissent l’espace, la tension monte en puissance avec à la mise en danger du corps qui se fait traîner sur le béton ou qui pourrait se faire écraser au moindre dérapage incontrôlé ; il s’en dégage une violence poétique.

Radio Vinci Park se révèle comme une danse entre peur et mort, entre étrange et beau, happant les sens dans une expérience totale qui nous pousse dans des zones d’inconfort insoupçonnées.

Photographie à la Une © Erwan Fichou.

Kristina D'Agostin

Rédactrice en chef de Carnet d'Art • Journaliste culturelle • Pour m'écrire : contact@carnetdart.com

3 Comments

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    Répondre septembre 17, 2016

    Jean-Paul Gavard-Perret

    Passionnant.

  • Avatar
    Répondre septembre 18, 2016

    Debra

    Je retourne à Ovide, « Les Métamorphoses » pour une authentique violence poétique… nos ancêtres en étaient encore capables…

  • […] a également un autre spectacle, Radio Vinci Park, qu’il propose avec François Chaignaud. Radio Vinci Park plonge les spectateurs dans un objet rare qui voit un duel entre l’homme et la machine dans un […]

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