Tulle, lumière, lessive.
Lina Scheynius, « 07 », Galerie Christophe Guye, Zurich.
Lina Scheynius fait de son intimité des instants poétiques. La photographie les projette pour que nous réfléchissions sur le sens de notre propre existence. « Dénudez-vous que l’on entende danser votre corps sur la musique du temps » semble énoncer en substance celle dont les « vignettes » échappent au morcellement sinistre des instants où le présent n’est qu’un point insignifiant. Il devient merveilleux, transforme la vie sinon en destin du moins en occasion de sens et se nourrit d’amour et d’eau fraîche, d’air et de lumière, de jouissances et de ces douleurs secrètes.
Lina Scheynius apprend au regardeur l’indépendance là où il cherche la fascination. Le tissu ça et là s’étire et devient le plus délicat tulle d’une illusion. Tout ne va pas lus forcément ensemble les voyeurs et les froufrous. Ou trop bien. Mais l’aube promise s’étiole par ironisation. Le voyeur n’aura pas ce qui l’alanguit. Scintille une toile qui devient écran. L’érotisme reste indicible. La créatrice trouve là un réservoir de sa création et de sa construction identitaire non sans humour et dérision. Culture populaire et l’expérimentation s’y croisent en hybridations pour le moins étonnantes dans le tangage et certains excès capables de produire une unité et une dissémination.