Louis Salkind

Crucifixions.

On se souvient sans doute des corps de Christ de Dali, des corps saisis souvent sous des angles impossibles. À la suite du maître catalan Louis Salkind pousse plus loin cette vision tout en la sécularisant. Il ne s’agit plus ici du Corpus Christi mais celui de nos frères et sœurs. L’artiste ne le saisit pas dans un modèle de beauté classique où Dali le laissa. Il ose à l’inverse l’humaine monstruosité.

La dramaturgie de l’art change donc de point de vue. La « monstration » d’un corps vénéré est soudain déplacé, décalé avec violence (mais aussi parfois humour) afin de créer plus un réveil qu’une sidération (même si elle existe). Une nouvelle hiérarchie se décline dans un arsenal hétéroclite capable de créer de nouvelles « Passions » au sens chrétien du terme. Mais ici le fameux Jardin Oliviers et de tous les jours et en tout lieu : l’actualité d’ailleurs nous le prouve tous les jours).

Louis Salkind - Forêt - huile sur toile - 162 x 130 cm

Louis Salkind – Forêt – huile sur toile – 162 x 130 cm

Plus besoin de clous ou couronnes d’épines. Les déchirures sanglantes n’ont plus rien de mystique : et la figuration – en partie, mais en partie seulement néo-réalisme – le prouve. Le sexuel voir parfois un érotisme (que la nudité rappelle) n’est plus une métaphorisation du sacré. Plaie, bouche, sexe, ventres, obésité n’agissent plus comme un inlassable déplacement métonymique. En ce sens Salkind est plus proche, côté péninsule ibérique, d’Arrabal que de Dali. Il existe chez le jeune artiste une vision panique mais qui dégagé de tout baroquisme – si ce n’est peut-être dans la puissance des formes et des couleurs.

Louis Salkind - Nuit - huile sur toile - 146 x 97 cm

Louis Salkind – Nuit – huile sur toile – 146 x 97 cm

Louis Salkind présente les êtres sortis d’un Enfer Dantesque (plus que de son Paradis). Mais les « punis » sont remplacés par les damnés de la terre ou ceux qu’Arrabal, et pour revenir à lui, nommait « de putains enfants de Marie Madeleine » dont la tête ou le ventre semble prête à tombe dans la sciure qui jamais ne se balaie. Néanmoins l’artiste n’a même pas à signaler cette dernière. Nul besoin de diégèse. L’artiste évoque combien le jouissant passe au gisant même si pour l’heure et dans l’œuvre, il reste vertical comme signe de sa dignité.

Image à la Une © Louis Salkind – Sonate- huile sur toile – 146 x 114 cm.

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