Doux murmures du silence.
Michel Dunand, « Miels », Éditions Henry, Montreuil sur mer, 2016,78 pages, 8€.
En avançant dans la vie il devient de plus en plus difficile d’écrire. Pour y parvenir – entendons : de mieux en mieux – il ne faut garder que les mots qui s’imposent. Ceux qui restent les témoins « assermentables » (Beckett) et fondateurs du métier de vivre. Ils sont rares. Il convient de les retenir comme Michel Dunand le fait : avant qu’ils s’engloutissent dans le noir de la jaquette du livre. Elle en devient la figure parfaite, le barrage pour que résiste le rythmique suspens d’un murmure essentiel et minimaliste.
Par sa concentration peu chargée en sucre Miels propose les rehaussements d’un murmure proche silence. Sa colorature sombre, matière subtile et diaphane, permet à Dunand de dire et d’affirmer tout un poids de l’obscur clarté ou si l’on préfère toute l’ombre de l’ombre et la lumière nue. Pour un tel « comment dire » quelques lignes suffisent. Il s’agit de glisser par les mots à l’intérieur de l’art, des villes, de l’amour, de tracer un trait sur les gouffres et de chercher encore comme l’auteur le demande à l’Aimée : « Cherche en toi. / Tu me trouveras. / Cherche. / Où que tu sois. / Cherche. / En femme. / En amante. / Éternelle ». La métamorphose du monde dans la poésie comme ailleurs passe par ce pouvoir gigantesque de la passion.