Lieux sans lieu.
EXPOSITION « L’ombre d’un Reflet » avec Michèle Iznardo (dessins et peintures) et William Laperrière (sculptures) jusqu’au 13 juillet 2018 à la Galerie Ruffieux-Bril, Chambéry.
Les paysages de Michèle Iznardo ne sont pas sans rappeler les œuvres de Chirico mais tout autant de Pennone et les perspectives inversées d’un David Hockney. Enracinés entre chien et loup par le noir et le blanc, la géométrie de l’espace propose une alliance entre la terre et l’horizon. Un ordonnancement subtil mais décalé crée un langage particulier : il accorde à ce qu’on nomme « peinture de paysage » des échos particulier.
La banalité du paysage se transforme en un génie d’un lieu rehaussé de volumes géométriques volontairement austère mais capable de générer des émotions profondes. Le lieu quoique vidé de présence humaine ne sert plus de caution au rêve mais il fait mieux : là où l’œil se perd une méditation prend forme.
L’anonymat décliné sous forme de structures apathiques crée une énergie ténébreuse et térébrante. La puissance immobile, épurée et chargée de silence suggère un équilibre où le jeu du lointain fait celui de la proximité. Sous l’apparence crue, chaque paysage est dégagé de toute facticité aguicheuse ou de pure « façade ». Le dessin renforce des effets de fuites d’horizon mais aussi d’étraves. L’imaginaire permet donc de franchir des seuils et reste au service de rapports complexes. Masses et ruptures de plans font que les structures et leur contexte se regardent et se complètent. L’espace y devient temps. Temps non pulsé mais à l’indéniable force suggestive.
Image à la Une © Michèle Iznardo.