Sergio Castellito

« Ma liberté de créer est un privilège ».

La 33ème édition d’Annecy cinéma Italien se termine. L’acteur et metteur en scène Sergio Castellito donnait sa « leçon de cinéma », samedi matin aux Nemours. Touchant.

Chemise blanche, regard profond, l’élégance toute italienne, Sergio Castellito est un grand acteur italien de cinéma et de télévision, devenu metteur en scène. Près de 80 films à son actif, dirigé par les plus grands, de Ferreri à Scola, et cinq films en tant que réalisateur. Il s’est livré avec humour et tendresse, dans un français presque parfait, à l’exercice du festival : « la leçon de cinéma », devant un auditoire conquis.

La veille, était projeté dans la grande salle de Bonlieu le dernier film qu’il a réalisé. Nessuno si sala da solo, l’histoire d’un couple, plein de colère et de ressentiment, qui se retrouve dans un restaurant. Et ce qui commence comme un combat se transforme peu à peu en un long voyage dans la mémoire de leur histoire d’amour. Un film intimiste, subtile, à regarder entre les lignes; «Il ne faut pas seulement le regarder, il faut l’épier », confit-il. Une personne du public l’interroge sur la fin du film, pleine d’espoir, et Sergio Castellito se révèle ; « Je suis un fan des happy end. Chaque fin d’amour est aussi la fin de la jeunesse, c’est un film que le public français devrait beaucoup aimer !  »

La liberté justifie les moyens.

Justement, comment expliquer que les films italiens soient si peu distribués en France alors qu’ils ont connu un très fort engouement dans les années 70 notamment ?
« Ces derniers représentaient 12% de la diffusion alors qu’aujourd’hui, ils représentent moins de 1% », explique le Délégué général du festival, Jean A. Gili. Et Sergio Castellito de compléter; « En Italie, la télévision a changé les règles car c’est elle qui finance le cinéma. Si tu fais pas un « prime time » pour parler d’un film, il n’a aucune chance de sortir […]. À l’époque de Visconti ou de Fellini, il n’y avait pas cette pression, et la liberté de filmer était totale ». Ce qui engendre une sorte de censure naturelle, la liberté de création est conditionnée par le fameux « prime time » qui déterminera la valeur d’un film.
On fait beaucoup de films mais avec trop peu de moyens. Pourtant, il n’y a pas meilleurs promoteur que le public, bien heureusement, il constitue un défis à la télévision, alors là aussi, il y a de l’espoir. Internet permet la promotion des films, c’est un vecteur de diffusion qui donne un nouveau souffle au cinéma italien. Car c’est bien la liberté qui justifie le passage derrière la caméra ».
Il évoque alors des cinéastes iraniens… « Nous avons une chance incroyable : ma liberté est un privilège que je paye chaque jour par la qualité de mon travail ».

Happy end !

Quelques films, à voir ou à revoir.

La Famille, d’Ettore Scola, 1987

Le grand bleu, de Luc besson, 1988

Marchand de rêve,  de Giuseppe Tornatore, 1995

le cri de la soie, d’Yvon Marciano 1996.

A vendre, de Laetitia Masson, 1998

Le sourire de ma mère, Marco Bellochio, 2002

Les films réalisés.

Libero Burro, 1999

À corps perdus (Non ti muovere) 2004

La bellezza del somaro, 2010

Venir au monde (Venuto al mondo), 2012

Nessuno si sala da solo, 2015

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