By Yassine Ghanimi Littérature, Magazine, n°05 - Le Dialogue, Raconter 1 octobre 2015 La bête Poème (Janvier 2015). Les nuits sans l’ombre du repos L’appel du large sous la peau Je jett’ la plum’ dans l’encrier Prenant l’air d’un aventurier Assoiffé de contrées nouvelles Voguant fou dans sa caravelle Drapeau en main, tel un cador ; Rêvant de faire de boue, de l’or, J’absorbe l’éclat d’un croissant De lune au silence angoissant ; Avant que la fureur des hommes N’embrasse la cité… En somme, Je m’acharne à dompter la bête, Une musiqu’ sans queue ni tête Seule à pouvoir sonder mon être Et l’ordonner : ordre du maître ! Il faut la voir de longues heures Durant jouer de sa splendeur, Ell’ qui m’ignor’ ouvertement En dépit de mes rugissements Furieux devant la page blanche Où le vid’ provoqu’ l’avalanche Inarrêtables de viles ratures Indignes de toute littérature ! L’air distrait, je tourne en rond, Médit’ sur La Fiac de Boisrond1 Avant de retrouver la piste D’une mélodie qui me résiste, Elle qui me sembl’ spectaculaire Mariée au spleen de Baudelaire Puissante, élégant’ chez Verlaine Foll’’dans la prose rimbaldienne Brillante sous l’Arbre de Diane2 Envoûtant’ chez Khalil Gibran Déconcertant’ chez Vvedenski Crue, hilarant’ chez Bukowski. Parfois, ell’ sonne à mon oreille Puis fond comme neige au soleil, Me laissant seul porter la croix Des mots que les maux foudroient. C’est qu’il faut user de patience Pour obtenir sa bienveillance, Bannir les chemins de traverse ; Quitte à tomber à la renverse Se tailler à ses crocs acerbes Afin que jaillisse le Verbe ; La caresser dans l’sens du poil. Mais lorsque l’intim’ je dévoile… Las ! Elle clame le coup d’arrêt Tout comme à l’idée d’un portrait Narquois de la bêtise humaine : « Pitié, assez de cett’ rengaine ! » Implore-t-elle, genoux à terre… (Cela se passe de commentaire). Avant qu’ell’’ne prôn’ l’expérience Écrit’ dépourvue de conscience , Maudite soit-elle s’il lui prend De me faire entrer dans les rangs De ceux que l’abus de complaintes Noient aux rivières d’absinthe ! Obstiné, j’aspire à un doute Lumineux traversant la voûte Céleste ; qu’au bout de l’agonie La bête puiss’ rugir d’harmonie En moi ! 1 BOISROND François, La Fiac. Acrylique sur toile (197 x 202 cm), 1989. 2 Arbre de Diane (Árbol de Diana) recueil de poèmes de PIZARNIK Alejandra, poétesse argentine (1936 – 1972). © Photographie : Sébastien Duijndam Carnet d'ArtLa bêteLittératureMagazineN°05 Le DialoguePoésieRaconterSébastien DuijndamYassine Ghanimi Share on: Facebook Twitter Pinterest Google + Yassine Ghanimi Facebook Previous articleSergio Castellito Next articleEn attendant Godot Vous aimerez aussi... avril 17, 2020 Librairie La Procure d’Étincelles Annecy janvier 31, 2020 Une lettre, un suspens janvier 30, 2020 Instinctive Desire janvier 28, 2020 Avec les cils comme rideaux janvier 27, 2020 Ambidextre janvier 16, 2020 Maisonnée n°128 Be first to comment Cliquez ici pour annuler la réponse. Annuler la réponseCommentaire Nom * E-mail * Site web Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.
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