Farces et attrapes.
Shana Moulton, « Anémochories », Palais de Tokyo, Paris, du 19 février au 11 septembre 2016.
Le côté clownesque des mises en scènes de Shana Moulton devient le moyen de lutter contre le panurgisme de la société et de l’art. À travers un personnage féminin – double et l’alter ego de l’artiste – elle crée des performances perpendiculaires aux lois qui régissent le réel. Ce qui affleure est bien autre chose que les seules données de la psyché. N’en subsistent que des repères épars.
L’artiste zébrée transforme la stabilité, par maquillages, farces, addenda et mises en scène quasi surréaliste. D’où la magie d’une œuvre qui vient à bout de la banalité au moyen de fantasmes et hallucinations plastiques dégingandées. Surgissent des ouvertures à la rêverie par effet de farce . L’ennui, le pauvre idéal bourgeois sont tournés en ridicule par des rites où Shana Moulton poursuit ses pérégrinations transgressives. Elle déploie diverses panoplies au milieu de décors kitsch en se posant en irrémissible métèque plus fière qu’une merlette au bord d’un toit. Elle montre au besoin un étrange derrière d’altesse sérénissime des choses qui ne doivent pas se faire.