Les folies tirées de l’inconscient.
Torbjørn Rødland, « Confabulations », Mack, London, 2016, 112 pages, 40€.
Torbjørn Rødland est un iconoclaste qui subvertit par distorsions analogiques la perception des images et la culture qu’elles transmettent généralement. Le grotesque ou l’étrange renversent le banal et le quotidien. Après son « Vanilla Partner », « Confabulations » le confirme. Les photographies semblent issues des rêves ou être le fruit de l’inconscient. L’artiste l’entérine d’ailleurs : « Je me suis rendu compte qu’il m’était possible de pénétrer dans mon subconscient et d’en tirer des idées sans pour autant avoir à dormir ou prendre des psychotropes » écrit-il. Chaque photographie est là pour créer une surprise. Celle-ci est toujours agencée de manière simple mais sophistiquée et toujours harmonique.
Les thématiques de l’enfermement et du pouvoir (quelle qu’en soit la nature) sont souvent présentes : enfants en cage, peau maculée par des mains tierces, etc. Mais si « Vanilla Partner » portrait les traces politiques (à travers des objets fétiches de George W. Bush mais aussi la fascination pour le mythe Reagan et Anne Frank devenue un personnage emblématique de la culture en termes de tragédie et de sacrifice), « Confabulations » est plus libre d’influences dans un besoin toujours plus marqué de pousser le médium plus loin. L’artiste prouve que l’art nait dans une fièvre de cheval fou. La manutention est habile : l’image n’a rien d’un parapet où s’accouder pour regarder le monde. Elle en devient la reconstruction. Ou mieux : sa mise en abîme.