Picabia et Dada

Back to Zurich.

Francis Picabia, « Eine Retrospektive », Kunsthaus, Zürich, du 3 juin au 25 septembre 2016.

Qu’importe écrivait Picabia si « les cubistes veulent couvrir Dada de neige » : le premier mouvement finissait et les iconoclastes de Zurich en signifièrent la fin en mettant à mal la vision mercantile de l’art. Cela nu fut  pardonné pas à Dada : son ersatz  – le Surréalisme – lui  fut préféré.

Mais Picabia se sera bien amusé : «  L’art vaut plus cher que le saucisson, plus cher que les femmes, plus cher que tout. / L’art est un produit pharmaceutique pour imbéciles ». Ce qui n’empêchant pas le créateur de tourner la peinture à son profit et vers d’autres lieux.

Refusant « les chiures de mouches sur les murs » il les nettoya pour les remplacer par ses « coupes fil » capables de court-circuiter les processions picturales « en chantant Viens Poupoule ». Ce fut à l’époque un sacrilège : mais l’écho n’a cesse de nous interroger.

Rappelons-nous des mots de Picabia : « DADA qui représente la vie vous accuse de tout aimer par snobisme ». Celui qui se refusait à être sérieux  et qui considérait  que « le seul mot non éphémère est le mot mort » a fait de son œuvre un voyage dans la vie tout en cultivant un art parodique mais qui allait modifier l’histoire.

« Sifflez, criez, cassez-moi la gueule et puis, et puis ? ». Et puis il y a le travail du temps qui donne à l’œuvre toute sa puissance comme à celles de Ribemont Dessaigne, Tristan Tzara et Marcel Duchamp. Comme ce dernier Picabia a brûlé les positions acquises. Il a redonné à la peinture son caractère de  « fée nuisible » que seuls captent les voleurs de feu.

Catalogue par Catherine Hug et Anne Umland, Hatje Kantz, Berlin, 2016, 69 CHF.

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