Annabelle Boyer

Le mystique et le jouet.

Annabelle Boyer, « Eve dans tous ses États » en exposition dans Corridor-Eléphant.

Il existe deux façons de voir lire l’Ancien Testament selon Annabelle et de remonter en coques et cocons à Eve : celle de la tentation, celle aussi de la peur. Aspiration intime, dépouillement absolu. Si on demande ce qu’il en est de l’art de la créatrice il faut donc répondre : c’est comme si rien de ce que nous rencontrons en lui est laissé au-dehors de l’attention des sens et du sens.

La photographe ligature et marie des reliques comme des gris-gris de l’amour. Chaque montage fait se juxtaposer des mouvements de reflux et de flux. Tout navigue entre un deuil et un désir. La morphine-base visuelle apaise la douleur mais sans l’effacer. Ce sont aussi les hématomes crochus de l’éternelle errance.

Eve, sa semblable, sa noire sœur, peut devenir galet de rivière ou fille presque perdue. Les souvenirs la roulent, la patinent. Son cri muet est pourtant perceptible. Créer n’est plus produire du flegmon mais de l’œuf. C’est montrer dans la femme ce qui ne peut se dire et encore moins parler.

L’artiste visualise comment le corps à de quoi exister et périr : ce n’est pas de l’idée mais du gigot de celluloïd. Donc pas forcément d’agnelle. D’où la densité émotionnelle d’une œuvre qui joue des références culturelles, populaires, religieuses mais les métamorphose. L’art devient une activité qui montre ce dont le corps est plein sans en chasser l’esprit afin que femme ne vive plus sans exister.

Photographie à la Une © Annabelle Boyer.

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