Orsten Groom

Par delà le bien et le mal.

Orsten Groom, « Martus Lupus », Galerie Phantom Projects Contemporary, à Troyes du 23 avril au 25 mai 2016.

Les personnages des films et des peintures d’Orsten Groom font ce qu’ils peuvent dans la vie. Mais ils peuvent peu : l’Apocalypse n’est plus pour demain. Il est là. Chacun est animé par sa propre envie mais rien n’est possible et l’œuvre traduit jusqu’où pousser l’humiliation. Cela n’est pas sans rappeler l’enfance d’un artiste qui aimait bien qu’on lui fourre les doigts dans les oreilles et qui sa cogna la tête sur le bitume devant le cinéma qui refusait de me laisser voir « Robocop 2 » le jour de sa sortie, sous le prétexte fallacieux que c’était interdit aux moins de 12 ans.

Orsten Groom

Orsten Groom

Des ses origines culturelles et géographiques (Lituanie et Pologne) et d’un arbre généalogique « truffé de faux papiers, d’entourloupe et des abominations de la guerre », l’artiste a gardé une vision terrible de l’existence. À la manière d’un Gasiorowski, sa peinture charrie les magmas de l’être et du monde dans un charivari de formes et de couleurs en des tableaux de devenir la grande récapitulation anarchique de la Création et de son Chaos d’Apocalypse juste avant la disparition finale.

Celui qui avait rédigé une petite nouvelle pour Isabelle Adjani et plus particulièrement sur son vagin (sans oser le lui envoyer) élabore une œuvre de sidération toute en émotion et intelligence au milieu de chaudrons mythiques et dantesques. Tout part pour l’artiste des Icônes, de Gustave Moreau, de Jordaens, de Mondrian : « celui-là personne veut jamais me croire mais il est pourtant probablement celui qui m’importe le plus » précise l’artiste.

Orsten Groom - Volkisch Parakeet

Orsten Groom – Volkisch Parakeet

Il existe aussi dans l’œuvre autant du Kafka que du Beckett. Mais laissons, pour comprendre l’œuvre, la parole à l’artiste ou plus précisément à l’histoire qu’il aime à rencontrer : celle du juif qui fuit les pogroms, les guerres et les occupations depuis les confins de la Sibérie pour la Pologne, l’Allemagne et enfin la France. Là il se rue dans une agence de voyage et réclame un billet.

« Pour où ? », lui demande la femme de l’agence.
« N’importe où, loin et vite ».
«  Je ne peux pas décider pour vous. Prenez ce globe terrestre, faites votre choix ».
Le type le tourne, le tourne, et finalement demande: « Vous n’en auriez pas un autre ? ».
Tout est dit.

Image à la Une © Orsten Groom – La Raie.

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