Au-delà le monde

Lutter pour ne pas sombrer.
Sombrer et devenir de ceux…
Appartenir à ceux…
Ceux qui se disent désespérés.
Qui ne croient plus en lui.
Ceux qui ne te connaissent pas.
Que tu connais tant pourtant.
À la recherche de la liberté.
Ils trouvent le drapeau de l’espoir trop sombre pour leurs corps.
S’écorchent pour ne pas sentir les blessures infligées.
Mais bien pour sentir celles qu’ils choisissent eux-mêmes de s’imposer.

Le monde.
Cette terre d’exil de nos corps sur laquelle nous faisons semblant de pouvoir vivre ensemble.
Tu veux le façonner meilleur qu’il ne le peut.
Tu crois en lui et il s’immisce dans les draps de notre amour.
Frappe l’enclume de ton avenir.
Celui que tu veux sauver.
Sauver pour pisser sur l’injustice.
Tu pisses sur l’existence de Dieu.
Tu pisses sur l’existence de Dieu.
Sauve-toi.
Regarde ce qu’il fait.
Ne pleure pas.
Ne ris pas.
Rien n’est drôle.
Sois fort et avance.
Lève-toi et pisse.
Lève-toi et n’oublie pas qu’il prend corps dans un fleuve de larmes et d’esprits.
Le monde…
Sois esprit avant d’être corps.
Esprit avant d’être corps.
S’il te plaît.
N’oublie pas.
Tu peux le faire parce que tu le mérites.
Tu es assez fort et beau pour ça.

Peux-tu encore le regarder et le trouver assez beau pour vouloir sauver des vies ?
Regarde ce qu’il a fait de moi.
Regarde A.
Ne ferme pas les yeux.
Je ne te l’ai pas demandé.
Regarde.
C’est le plus juste résultat du monde que tu aimes tant que tu as devant les yeux.
Je suis là.
Tout entier à toi.
Tu veux encore de moi maintenant ?
Oses encore me toucher maintenant ?
Veux encore de moi maintenant ?

C’est peut-être pour ça que je ne t’ai rien dit.
Parce que je t’ai aimé trop.
T’ai aimé trop tôt.
Je voulais que tu veuilles de moi.
Pas comme les autres.
Non.
Unique que tu es.
Je voulais que tu veuilles de moi tout entier.
Je ne savais pas tout entier qui j’étais.
Pas possible de délimiter la barrière de moi.
Un seul être qui transpire la volonté d’amour.
S’engouffrer dans cet amour reposé sur rien.
Dans cet amour démesuré.
Qui me dépasse autant qu’il te dépasse.
Que cet amour nous emporte.
Qu’il nous envole bien au-delà de toutes ces montagnes.
De tous ces océans.
Toutes ces frontières qui tentent de nous éloigner.
Je n’ai jamais aimé avant toi.
Jamais aimé que toi.
Pu le dire à personne.
Parce que jamais vécu avant toi.
Est-ce que tu peux m’expliquer pourquoi je ne t’ai rien dit ?
Pourquoi j’ai voulu te prendre dans mes bras pour te condamner aussi ?
Disposé de ta vie comme ça ?

J’aurais voulu mourir plus tôt.
J’aurais voulu mourir assez tôt.
Ne jamais t’avoir connu.
Regarde ma bouche.
Está infestada de todas estas pollas lamidas.
Lamió sabiendo que supuraba la muerte.
Y ahora es mi sangre que supura la muerte.
Et maintenant c’est mon sang qui suppure la mort.

Et toi ?
Tu meurs avec moi…
Je ne t’ai pas laissé le choix.
Tu vois quelle personne je suis.
Je suis l’expression toute entière de la fatalité.
De ce monde dans lequel je n’ai pas su survivre.
Toi non plus.
Tu espérais peut-être encore ?
Tu espérais peut-être encore.
Cette chose.
Là.
Me rend capable d’aimer.
Tu m’as simplement aidé à vivre.
Now you have to live for you.
Do it A.
Do it.
Ce que j’aime dans ta nudité c’est ta vulnérabilité.
J’aimerais pouvoir m’enlever certaines images de la tête.
C’est vrai que tu as aimé pour tous les hommes.
Mais qu’est-ce que tu as de si spécial ?
Tu n’es quand même pas le premier à me faire jouir !
Do it A.
Do it.

Extrait de Il vit paru chez Carnet d’Art Éditions.

Photographie à la Une © Alison McCauley.

Antoine Guillot

Auteur / Metteur en scène / Comédien / La Compagnie Caravelle

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