Beat Attitude

Révision des poncifs : New Beat / New Deal.

LIVRE « Beat Attitude, Femmes poètes de la Beat Generation ». Une anthologie établie par Annalisa Mari Pegrum et Sébastien Gavignet aux Éditions Bruno Doucey.

Jusque là, du moins en France, la Beat Generation américaine semblait exclusivement une affaire d’hommes. L’anthologie Beat Generation de Gérard-Georges Lemaire (paru aux Éditions Flammarion en 2005) ne changea rien à la donne : des femmes nulle trace, à l’exception de Diane di Prima. Cette seule présence féminine était d’ailleurs traitée un peu rapidement à la va vite en écho au mépris implicite dont Burroughs faisait preuve à son égard la reléguant à l’état de mère de famille nombreuse aux penchants licencieux.

Annalisa Mari Pegrum et Sébastien Gavignet © Éditions Bruno Doucey.

Avec Beat Attitude, les poétesses ont enfin droit à l’existence. Annalisa Mari Pegrum et Sébastien Gavignet leur donnent voix. Elles ne sont plus les oubliées d’une histoire qui reste à découvrir. Rebelles ou révoltées elles furent jusque là évincées sans doute parce qu’elles ne jouaient ni le jeu des institutions de la sub-culture ni de la récupération universitaire. Le récit du et par le masculin ignora donc Denise Levertov, Lenore Kandel, Elise Cowen, Hettie Jones, Joanne Kyger, Ruth Weiss, Anne Waldmann et bien d’autres qui ne sont en rien des figures annexes. Ginsberg et ses « couillus » inconsciemment ou non les considérèrent comme secondaires. Certes elles écrivaient, publiaient, mais maternaient et de plus osaient dénoncer avant les mouvements féministes les représentations et les rôles que leur faisait jouer les hommes et les préjugés qui les ostracisaient jusqu’à les réduire au silence.

Beau retour des choses pour telles créatrices l’avenir est devant elles au moment où les travaux jadis progressistes de Ferlinghertti, Gysin et du triumvirat des papes mâles paraissent obsolètes. La révolution et la lutte contre les schémas acquis et les dominations passent désormais par les laissées pour compte que leurs alter egos (qui ne les reconnurent pas ainsi) ont occulté. Aujourd’hui Diane Di Prima a plus à nous dire qu’un Ginsberg dont les farces appartiennent au passé compassé.

Image à la Une © Éditions Bruno Doucey.

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