Big Eyes

Un nouveau regard sur la place de la femme dans notre société.

Big Eyes, le nouveau film de Tim Burton vient de sortir en salle il y a déjà une petite semaine… Tim Burton… Cet artiste laisse rêveur.

Ayant l’habitude de ses voyages dans des univers rocambolesques avec des squelettes qui chantent du swing (Les Noces Funèbres), un autre squelette, Jack, qui va découvrir le monde du Père Noël (L’Étrange Noël de Monsieur Jack), le chapelier-fou fidèlement interprété par Johnny Depp dans le remake de Alice au pays des merveilles… Nous avons toujours été dans des lieux magiques avec Tim Burton. Magiques mais aussi la plupart du temps, macabres… Tim Burton serait-il obsédé par la mort ? Ou jouerait-il avec elle ? Questions… questions… en suspends. Néanmoins, l’univers du cinéaste ne manque pas de nous ensorceler.

Ce film sur une artiste méconnue des années soixante semble s’évader des sentiers déjà longtemps foulés par le grand inventeur d’histoires sans pour autant s’éloigner radicalement de son univers. Un film avec de gros yeux, sans squelettes ni personnages imaginaires à l’esprit dérangé ? Ceci n’est pas une fiction mais une histoire vraie, l’histoire d’une artiste peintre qui sous le joug de son mari n’a pu révéler ses toiles sous son vrai nom. Cette artiste a profondément inspiré Tim Burton avec ses personnages toujours peint avec de gros yeux. On retrouve d’ailleurs cette influence dans beaucoup de personnages chez Tim Burton : l’extraterrestre dans Mars Attack !, Jack le squelette dans l’Étrange Noël de Monsieur Jack, ou encore Catwoman dans Batman Returns.
On retrouve également le malaise occasionné par le personnage du mari de l’artiste, un côté noir, un mal-être, parfois oppressant psychologiquement comme dans certains de ses personnages : Edward dans Edward aux mains d’argent ou le diabolique barbier dans Sweeney Todd. Il n’y a pas de décors macabres mais l’oppression, la noirceur est pourtant là. Elle se niche dans la folle mythomanie du mari mais aussi dans le mensonge que Margaret Keane entretient vis-à-vis de sa fille mais aussi à l’égard de toute la population puisqu’elle ment sur son identité d’artiste qu’elle cache derrière le nom de son mari.
Comme souvent chez Tim Burton, l’idée de la mort et de la tristesse sont présentes dans ce film. Les tableaux de Margaret Keane représentent la mort de son enfance quand elle est passée à l’âge adulte mais aussi peut-être, en extrapolant un peu, la mort de notre regard d’enfant sur le monde. La tristesse se retrouve elle dans l’obscurité du mensonge qui cache l’identité de Margaret Keane, c’est une tristesse longtemps inavouée de n’avoir pas pu révéler son talent d’artiste plus tôt à cause d’un mari voleur, profiteur du fait que sa femme soit une artiste.

Dans Big Eyes Tim Burton porte un questionnement sur la place de la femme dans la société en filmant une femme qui va se libérer de l’emprise de son mari sur son art et qui va clamer son indépendance – chose qui n’était pas ordinaire dans les années soixante puisque l’homme était encore à l’époque un être dominant, le chef de la maison.
Si l’on regarde l’actualité avec une montée de plus en plus accentuée du féminisme, souvent radical, on peut se questionner sur la véritable place de la femme dans notre société. Le féminisme existe depuis la Révolution française mais c’est aujourd’hui que l’on en entend le plus parler puisqu’il est de plus en plus médiatisé.
Même si les faits relatés ont déjà plusieurs décennies, en parler aujourd’hui n’a rien d’anodin. Grâce à ce film, on en vient très vite à se questionner sur la place de la femme dans la société. La femme a son mot à dire et il est beau de voir que cela peut se faire au travers de l’Art, accessible à chacun. Les personnes touchées n’en seront que plus nombreuses.

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