Bridget Polk

Balancing rubble and rocks.

À l’occasion de la Nuit Blanche 2016 et en écho au chapitre « ébranlé, tibutant, Podophilie poursuit sa quête périlleuse » de la romance proposée par le parcours, Bridget Polk, dont on avait déjà pu voir les sculptures à l’occasion de l’exposition Le Bord des Mondes, au Palais de Tokyo (2015) propose la mise en œuvre de sa pratique du « rock balancing ». Elle-même ainsi que trois autres artistes ont performé en direct la mise en équilibre de rock divers.

« Suis-je une artiste ? »1 Bridget Polk, avec son sens de l’humour aiguisé, se considère surtout comme une rock star. Elle ne donne pas de définition de ce qu’elle fait, se demandant elle-même si sa pratique relève du champ de l’art, ou bien de la physique ou de la construction… Elle ne juge absolument pas ceux qui ne considèrent pas ses œuvres comme telles : « C’est à vous de me dire ce que vous pensez de ce que je fais ou ce que je suis ». Et ce qu’elle fait, c’est avant tout de la médiation, ce travail sur le souffle étant la clef de son œuvre. Elle se concentre sur sa respiration et uniquement sur ce qu’elle est en train de faire : « mon activité rejoint celle de la lévitation ».

© Laëtitia Toulout

© Laëtitia Toulout

C’est cette maîtrise de soi qui lui permet de faire tenir parpaings, galets, ruines, bloc de verre ou roches diverses, les uns par-delà les autres, créant des équilibres précaires et        audacieux. Les matières sont toujours rudes, dures, alors qu’inversement le geste est doux et maîtrisé. Bridget Polk peut mettre des heures à faire tenir des pierres entre elles. Le temps s’efface et les matériaux, issus de la nature et de la culture, s’additionnent entre eux, gravissent les airs et l’espace. Bridget Polk s’approprie les paysages, et on pense aussi bien à travers ces pierres aux rivières coléreuses des montagnes ou aux travaux et chantiers urbains. Enlevés de leur environnement, quel qu’il soit,

Bridget Polk met donc en équilibre des pierres, et laisse aux autres le soin de juger ou d’analyser le sens de ces actions et de leurs résultats. Elle précise par ailleurs adorer lire les interprétations ou même voir en direct les réactions des publics. Elle initie qui le veut bien à son art. Ainsi, pour la Nuit Blanche, elle invite Gilles Charrot, Marina Garbetta et Evelyne Sanchez, trois artistes qui travaillent également pierres brutes pour l’un, galets arrondis pour les autres, mais aussi des groupes d’enfants, qui ont pu exercer leurs propres équilibres de pierre au bord de la Seine.

Avec son installation performative et au titre illustratif Balancing rubble and rocks, Bridget Polk propose ainsi un travail à la fois modeste et pourtant spectaculaire, en accord avec la conception de la Nuit Blanche comme événement éphémère, rassemblant les foules autour d’œuvres d’art enchanteresses qui reflètent la magie de Paris.

Photographie à la Une © Laëtitia Toulout.


1 Propos tiré le vendredi 30 septembre 2016 lors d’une présentation de Bridget Polk sur sa proposition dans le cadre de la Nuit Blanche 2016.

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