Une étrange odeur de sainteté.
Installation « Un corps blanc exquis / A Hard White Body » jusqu’au 23 décembre 2017 au Centre d’art et de recherche Bétonsalon, Paris.
Un corps blanc exquis / A Hard White Body est une installation impressionnante, osée, proliférante (avec céramique, peinture, sculpture). Elle ouvre une dimension vivante, liquide et odorante en une chambre de terre non-cuite et maintenue humide. Y transparaissent les déplacements des corps à travers les histoires de la porcelaine. La créatrice y ajoute des relations avec les trajectoires de l’auteur noir américain James Baldwin lors de son séjour à Paris dans les années 1950 et celle de Jeanne Baret, première femme à avoir réalisé un tour du monde avec l’expédition de Bougainville au XVIIème siècle.
Le caleçon en porcelaine de « Un corps blanc exquis » pose la question de la fixité des identités et de la problématique des liens entre race, genre, classe et sexualité et ce qu’ils secrètent de survie, de secret ou de honte. Existe là une suite de techniques de contamination entre les matières organiques ou non. Elles sont la base de sculptures et de milieux instables qui nécessite un entretien continuel. Quant à la porcelaine, elle devient la narration de l’exotisme et du commerce global, de la science et de la virologie.
Le matériau devient l’outil de mise en route d’un langage radical et racial : s’y joue la question de la blancheur et de la pureté et donc de la résistance à la souillure. De plus l’artiste – en se fondant sur l’attraction ou la répulsion causée par certaines odeurs et textures – casse les hiérarchies créées entre les corps, les matières et les savoir. Ajoutons que l’exposition est conçue en conjonction avec la célébration des trente ans de la disparition de Baldwin.
Image à la Une © Candice Lin, détail de A Hard White Body (Un corps blanc exquis), 2017, porcelaine. Courtesy de l’artiste.