Les couleurs se sont tues.
La nuit te recouvre.
Quel néant sublime
Dissimule ta vertu
Et ma cécité découvre,
Tes formes qui n’en sont plus.
Invisible à ce sens
Qui n’a su contempler,
La charnelle innocence
Offerte à mon toucher.
Je frissonne hésitant
Au sommet de ta peau
Parfumée en souvenir.
Ne reste que le chant
De mes lèvres sans mots
Qui ne veulent plus fuir
Le calme du repos.
Ivre de désir
Ma main tremble.
Se taire et sentir,
Au bout de mes doigts,
Au fond du devenir,
Ce que j’imaginais de toi,
Ce que tu avais de pire.
Et je viens et tu pars
Au rythme de cette danse,
Présage du départ,
Préface de ton silence.
Je suis le chercheur d’or
Avide de richesses,
Que je crois à tort
Tapies dans tes caresses.
Nos étreintes vaines,
Nos baisers, nos peines,
Sont autant de peut-être
Sur lesquels s’est forgée
La belle espérance
De mon avenir gracié
De ton ignorance.
Mais l’aube viendra
Et avec elle la vérité,
Muette tout comme toi
A l’ombre du péché.
Parle je t’en prie !
Accorde-moi cette pause
Car ton râle prédit
La fin de toute chose.
Morphée est une reine,
Je m’extirpe de ce vague sommeil.
Images confuses, une lumière jaillit.
Que me veut le soleil ?
Terré dans l’ombre, je distingue une odeur.
Un arôme au parfum subtil,
Qui flotte et qui meurt.
J’aspire son essence,
Me délecte du poison.
Senteur d’espérance
Imprégnant l’édredon.
Sur la pénombre s’ouvrent mes paupières.
Mes yeux cherchent la silhouette endormie.
Sur le vide mes doigts se resserrent,
Et je comprends qu’elle est partie.
Son corps m’a quitté.
Seul persiste le souvenir
De nos corps enlacés,
Destinés à se nuire.
Disparue, réduite en poussière
Le vent l’a emporté, elle est désormais fantôme.
Laissant dans ma gorge ce goût amer,
Ne laissant que de l’air au creux de ma paume.
Aux Lointains Espoirs