Dogman

Une métaphore du pouvoir.

FILM « Dogman » par Matteo Garrone.

Matteo Garrone, spécialiste du cinéma du quotidien dans son pays, nous plonge une nouvelle fois au tréfonds de la noirceur de l’humain en mettant en scène dans une banlieue improbable, Marcello un toiletteur de chiens au physique rabougri et fragile (incroyable et fabuleux Marcello Fonte prix d’interprétation masculine au dernier Festival de Cannes).

Dès les premiers plans du film, le spectateur est happé par le jeu à la fois minimaliste et intense de ce personnage aux allures de Toto (acteur fétiche du cinéma italien des années 50) qui trafique et se soumet à Simoncino un mastodonte cruel, drogué et mauvais qui le maltraite (excellent Edoardo Pesce) au physique monstrueux et au regard vide. Ce conte urbain né d’un fait divers sordide et à la mise en scène crépusculaire file la métaphore du pouvoir de l’homme sur l’homme, et bien plus que cela celle du pouvoir de l’État sur les citoyens. Matteo Garrone, depuis l’un des ses films précédents Gomorra (2008), fouille la société italienne en mettant à jour ce qui la ronge de l’intérieur : la criminalité induite par la mafia et met à jour ici sa nostalgie du fascisme.

Les chiens du toiletteur, dès le premier plan du film, marquent la rage et la violence avec laquelle les rapports humains vont s’installer entre dominant et dominé. Dès lors, la limite est franchie et plus rien, semble-t-il, ne pourra arrêter le monstrueux Simoncino de torturer celui qui obéit et se soumet dans des plans claustrophobes qui nous renvoient à des scènes sadiques d’un temps de guerre. Mais le scénario, riche et complexe de Matteo Garrone nous emporte dans ses méandres obscurs pour nous en révéler aussi les chemins les plus étonnants et les plus inattendus.

Voilà une œuvre forte, intense, qui peut tout à la fois nous horrifier que nous bouleverser tant elle va chercher au fond de nous ce qu’il y a de plus enfoui de la part obscure de notre mental. Et nous ressortons de la salle de cinéma moins incrédules car nous avons découvert non pas un simple drame mais une réalité ordinaire qui existe juste là à nos portes et que nous ignorons.

Image à la Une © Archimede.

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