Ducs des Alpes

PRESCRIPTION CULTURELLE • ON VISITE

EXPOSITION « Ducs des Alpes, le Théâtre des Princes, 1559 – 1697 » jusqu’au 22 septembre 2019 à l’Abbaye de Hautecombe, Saint-Pierre-de-Curtille.

Pour la deuxième saison estivale consécutive, la grange batelière de l’Abbaye d’Hautecombe accueille une exposition qui met en lumière des pages méconnues de l’histoire de la Savoie.

À lui seul le lieu de l’exposition est exceptionnel : jouxtant l’abbaye cistercienne du XIIe siècle qui abrite la nécropole des princes de Savoie et près de l’embarcadère, la grange batelière – tout comme l’ensemble du site de l’abbaye : église, cloître, terrasse, appartements du Roi, chapelle et cour Saint-André – est protégée au titre du classement des monuments historiques depuis 1875. Cette grange qui servait à décharger les bateaux et à stocker les marchandises a été restaurée en 2007 par le Département de la Savoie. Celui-ci y organise chaque année une exposition temporaire d’exception.

Pour la deuxième année consécutive l’exposition présentée a pour sujet une grande mais méconnue page de l’histoire de la Savoie à travers les fastes princiers et baroques de la Maison de Savoie, une des plus brillantes cours d’Europe, au XVIe et au XVIIe siècle. Sous-titrée « Le Théâtre des Princes 1559 – 1697 », Ducs des Alpes est à découvrir gratuitement du 29 juin au 22 septembre 2019 (tous les jours sauf le mardi). Cette année, plusieurs nouveautés ponctuent le parcours de la visite afin de pouvoir aborder celle-ci sous des angles multiples notamment pour les plus jeunes.

Vue de l’exposition © Conseil Départemental de la Savoie.

Une scénographie baroque en cinq théâtres.

Dans l’exposition se découvre tout un art de l’ostentation des pouvoirs d’un duché qui allait devenir état au moment où il était courtisé par les autres puissances européennes. Cela est raconté par une iconographie tirée des collections du Département de la Savoie, de celles des Musées et des Archives d’État de Turin mais aussi de celle d’institutions nationales et européennes. La scénographie, découpée en cinq espaces comme cinq théâtres, reflète l’esprit baroque de l’époque à travers des images de la vie de la cour, de l’art, de la guerre et des conquêtes, de la représentation des territoires et de la religion.

Le premier théâtre s’ouvre par une galerie de portraits allant de celui d’Emmanuel-Philibert (1528-1580), 10e duc de Savoie et prince de Piémont qui en 1562 transfère la capitale du duché de Chambéry à Turin, à celui de Victor Amédée II (1675-1730), qui devient roi de Sardaigne en 1718 permettant aux ducs de Savoie d’accéder à la royauté.

Ensuite c’est la féérie baroque des fêtes données par la cour qui se révèle par la présentation des somptueux ballets donnés au château de Chambéry ou dans les palais des alentours de Turin. Accompagnés d’extraits musicaux, ces derniers sont réinterprétés spécifiquement pour l’exposition. Sur ces scènes, les ducs successifs brillent et font état de leurs fastes.

Le théâtre des guerres met quant à lui en scène les conflits qui ont impliqué le duché de Savoie. La guerre et les conquêtes obligèrent les ducs à réfléchir à un art de la polémologie de montagne et des architectures de fortification bastionnée adaptées aux Alpes.

À cette époque, l’art de la topographie et du dessin était d’abord utile pour la défense du territoire mais en devenant un art du paysage, il servait également la gloire des ducs. Les vues idéalisées de leurs états proposent dès lors une nouvelle représentation du territoire alpin.

Le dernier théâtre, celui de la foi et de la vie quotidienne, relate le bouleversement des réformes protestantes et catholiques. Pour la société du XVIIe siècle, la foi demeure le principal recours face aux guerres, disettes, pestes et autres rigueurs du climat.

Des parcours de visite enrichis.

Cette année, tous les jours à 15h sauf le mardi, le public peut découvrir l’exposition en compagnie d’une guide. D’autres visites guidées, celles-ci en musique, sont prévues les mercredis 10, 17, 31 juillet et les 21, 28 août à 11h30 et à 15h. Là, Solène Riot entraine le public dans les ballets donnés à la cour au son du tambour, des musettes et cornets à bouquins.

Dans un jeu mis à disposition gratuitement, le public a pour défi d’aider la duchesse de Savoie à s’échapper de la citadelle où elle est encerclée par des armées ennemies. Si les différentes énigmes sont résolues, la dynastie sera sauvée !

Le visiteur peut aussi se laisser emporter par le « jeu de l’oie des ducs de Savoie », commandé à l’artiste Pierre David, où les nobles proposent de lancer les dés et de partir avec eux à la conquête de la couronne royale. Il s’agit de passer outre les épidémies, la prison du château de Miolans, d’aller à l’assaut des remparts de Genève ou de nouer les bonnes alliances matrimoniales pour espérer devenir roi ou reine.

Image à la Une © Conseil Départemental de la Savoie.

Kristina D'Agostin

Rédactrice en chef de Carnet d'Art • Journaliste culturelle • Pour m'écrire : contact@carnetdart.com

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